Page:LeMay - Contes vrais, 1907.djvu/105

Cette page a été validée par deux contributeurs.
97
SANG ET OR

pièce semblait remplie d’une brume très légère qui ne laissait d’humidité nulle part, mais qui voilait tous les objets comme d’un subtil pollen de fleurs. Dans l’obscurité qui enveloppait la route et le moulin, le ciel et la côte, s’élevait l’éternelle clameur de la rivière tombant du haut de la chaussée.

Tout à coup, les sabots ferrés d’un cheval retentirent sur le petit pont d’en face. Une voiture passait. Le meunier remarqua :

— Ce sont des voyageurs, car ceux qui vont quérir le prêtre ou le médecin, me disent toujours un mot en passant. S’ils n’entrent pas, ils appellent et je sors.

— Alors, bonsoir ; je rentre chez moi, fit Babylas. Le chat doit être au bord du trou quand le rat se montre.

Et il sortit.

— Quelle obscurité d’enfer ! grommela-t-il.

— Bonne nuit pour le crime, répliqua le meunier en riant.

Babylas entendait le roulement de la