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SANG ET OR

fidences étranges, et sa réputation périclita. Les voyageurs n’osaient plus y coucher. On entrait, en passant, boire un verre, manger un potage et l’on se hâtait de fuir. La solitude se fit.

Mais Babylas était riche. Pendant dix ans, il avait exercé son industrie avec succès. Pas difficile sur le choix des moyens, les scrupules ne l’avaient jamais ennuyé. Fort peu de dépenses, pas de toilettes pour le dimanche, pas de cheval à l’écurie, une vache que nourrissaient les plantes du bois et l’herbe des routes, des poules, du gibier, de la venaison, point n’aurait été besoin de faire de la rapine, pour amasser. Le pécule eut fait boule de neige.

Un jour, la nouvelle se répandit qu’il avait été dévalisé. Personne n’en éprouva de chagrin. Il ne s’expliqua jamais comment son argent si bien caché avait pu être trouvé. Y avait-il eu trahison ? Seule sa femme connaissait la cachette, et elle paraissait fort désolée, elle aussi. Il