naître ces affinités, elles existent. Quand, comment sont-elles nées ? Pour le déterminer, il faudrait plonger dans les plus obscures profondeurs de l’histoire, et nous ne les constatons que lorsque les êtres qui en sont doués, sont constitués en groupes. De ce jour d’ailleurs, ces affinités se renforcent, elles se précisent, grâce à elles, la personnalité de ce groupement se crée. Par suite de la réaction de la collectivité sur les individus qui la composent, l’individu, grâce à ces affinités, grâce au milieu favorable qu’elles lui ont permis d’établir, acquiert à son tour une personnalité, et sert alors à accroître les caractères du groupe dont il fait partie. Petits ou grands, ces groupements sont des nations.
Qu’appelle-t-on une nation libre ? On appelle ainsi une nation qui peut se développer matériellement, intellectuellement et moralement sans qu’aucune entrave extérieure soit mise à son développement. Si une nation, par voie de conquête ou de tout autre façon fait entrer une autre nation dans sa dépendance, il ne restera de cette seconde nation qu’un nombre quelconque d’individus dénationalisés, c’est-à-dire ne pouvant plus exprimer leur forme spéciale d’esprit collectif, c’est-à-dire ayant perdu leur liberté collective.
Qu’arrive-t-il de ces individus eux-mêmes ? Ils sont des vaincus, des conquis, par conséquent sont placés dans un état d’infériorité, et s’ils n’acceptent pas de disparaître, ils perdent leur liberté propre. Que ne disparaissent-ils, dira-t-on, pourquoi restent-ils attachés aux formes anciennes qu’ils ont représentées à un moment de la durée ? Ce sont là des questions oiseuses. Tout au plus pourrait-on dire en réponse que seuls les groupes humains encore amorphes n’ayant que des caractères imprécis et une vague conscience d’eux-mêmes, sont susceptibles de se laisser absorber.
Les groupes fortement constitués et homogénéisés, ayant des caractères arrêtés et une nette conscience d’eux-mêmes, résistent forcément. Il en est des collectivités comme des hommes, les faibles cèdent, les forts persistent. Quoi qu’il en soit, nous sommes en présence d’un fait historique ; le maintien, et la survie, au milieu des nations, de certains individus appartenant à des nationalités différentes, c’est-à-dire ayant conservé des formes d’être différentes des formes de ceux qui les entourent. Ces individus par cela seul qu’ils ont résisté subissent une contrainte, les peuples ayant une tendance fatale à réduire les élément hétérogènes qui existent parmi eux. Leur liberté est donc diminuée, et s’ils s’obs-