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prosélytisme parmi les Juifs, soit directement, en protégeant les apostats[1] et en empêchant les Juifs de déshériter leurs fils et petits-fils convertis[2], soit indirectement et au moyen de mesures vexatoires. Ces mesures vexatoires consistèrent d’abord à restreindre les privilèges des Juifs. On décida que l’argent qui était envoyé en Palestine par les Israélites serait versé dans le trésor impérial[3] ; on leur défendit d’exercer les fonctions publiques[4] ; on leur imposa les charges curiales, si dures et si oppressives[5] ; on leur enleva à peu près leurs tribunaux spéciaux[6]. Les vexations ne se bornèrent pas à cela ; on tracassa même les Juifs dans l’exercice de leur culte ; on réglementa leur façon d’observer le sabbat[7], on les obligea à ne pas célébrer leur Pâque avant les Pâques chrétiennes, et Justinien alla jusqu’à les contraindre à ne pas réciter la prière journalière, le Schema, qui proclamait le Dieu un contre la Trinité.

Encore, et malgré la bienveillance impériale, l’Église n’avait pas été absolument libre de ses mouvements sous Constantin. En dépit des restrictions

  1. Code Théodosien, l. XVI, tit. VIII, 5.
  2. Code Théodosien, l. XVI, tit. VIII, 28.
  3. Codex Justinianus, l. I, tit. IX, 17, et Code Théodosien, l. XVI, tit. VIII, 14.
  4. Codex Justinianus, l. I, tit. IX, 18.
  5. Justinien, Novelle, 45.
  6. Codex Justinianus, l. I. tit. IX, 15.
  7. Codex Justinianus, l. I. tit. IX, 13, et Cod. Théod., l. VIII, tit. IX, 8.