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soin de les protéger contre les coups que leur prodiguaient leurs propres renégats. Avec ses successeurs, de semblables ménagements ne furent plus gardés. L’influence de l’Église sur les empereurs fut toute-puissante. La religion catholique devint religion d’état, le culte chrétien fut le culte officiel, l’importance des évêques s’accrut de jour en jour ainsi que leur prépondérance. Ils firent passer dans l’âme des souverains les sentiments qui les animaient et si leur antijudaïsme se manifesta par des écrits, l’antijudaïsme impérial se manifesta par des lois. Ces lois, le clergé les inspira, non seulement d’ailleurs contre les Juifs, mais aussi contre les hérétiques. Cela est tellement vrai que, pendant ce cinquième siècle fertile en hérésies, les orthodoxes furent inquiétés parfois, lorsque les théologiens hérésiaques conduisirent les Empereurs.

De ces lois, édictées toutes du quatrième au septième siècle, la plupart sont dirigées contre le prosélytisme juif. On renouvelle les défenses faites à ceux qui circoncisent des chrétiens[1], on condamne les contrevenants à l’exil perpétuel et à la confiscation des biens. On défend aux Juifs d’avoir des esclaves chrétiens[2] ; on leur interdit d’épouser des femmes chrétiennes, comme aux Juives d’épouser des chrétiens et on assimile de telles unions aux crimes d’adultère[3]. D’autres lois favorisent la propagande et le

  1. Codex Justinianus, l. I, tit. IX, 16.
  2. Code Théodosien, l. XVI, tit. IX, 3, 4 et 5.
  3. Codex Justinianus, l. I, tit. IX, 6.