Page:Lazare - L’Antisémitisme, 1894.djvu/66

Cette page a été validée par deux contributeurs.
52
L'ANTISÉMITISME

dès les débuts de leur prédication, ils trouvèrent en face d’eux des gnostiques, et, les premiers, les gnostiques juifs. C’est eux que Pierre rencontra à Samarie sous les traits de Simon le Magicien ; Paul les trouva en face de lui à Colosse à Éphèse, à Antioche, partout où il porta son évangélisation, et peut-être fut-il en lutte avec Cérinthe[1] ; Jean lui-même les combattit[2], et dans les Épîtres de l’Apocalypse il s’opposait aux Nicolaïtes qui sont « de la synagogue de Satan. »

Après avoir échappé au danger de se cristalliser en une stérile communauté juive, l’Église allait donc être exposée à ce danger nouveau du gnosticisme, qui eût eu pour résultat, s’il avait triomphé, de l’émietter en petites sectes et de briser son unité.

Or, si plus tard le christianisme vit arriver la gnose hellénique, il ne trouva à l’origine, en sa présence, que la gnose juive, c’est-à-dire celles des Nicolaïtes et de Cérinthe, ou de systèmes semblables qui s’édifiaient sur des bases judaïques.

Tous les propagateurs de la religion chrétienne eurent donc à lutter contre cette gnose, et on trouve des traces de cette lutte dans les Épîtres de Paul aux Colossiens et aux Éphésiens, dans les Pastorales, dans la seconde Épître de Pierre, dans l’Épître de Jude et dans l’Apocalypse. Mais on ne se contenta pas de poursuivre l’esprit juif dans la gnose, on poursuivit les tendances judaïsantes à l’intérieur de

  1. S. Irénée, II, 26.
  2. Apocalypse, II et III.