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DE LA FONDATION DE L'ÉGLISE A CONSTANTIN

Sans l’existence des colonies juives, le christianisme aurait eu plus d’entraves ; il aurait rencontré, à s’établir, plus de difficultés. Je l’ai dit déjà, les privilèges des Juifs dans la société antique étaient considérables ; ils avaient des chartes protectrices leur assurant une libre organisation politique et judiciaire, et la facilité de l’exercice de leur culte. Grâce à ces privilèges, les Églises chrétiennes purent se développer. Pendant longtemps les associations des chrétiens ne se différencièrent pas, aux yeux de l’autorité, des associations juives, les distinctions qui existaient entre les deux religions n’étant pas connues du pouvoir romain. Le christianisme était considéré comme une secte juive, aussi bénéficiait-il des mêmes avantages ; il fut non seulement toléré, mais, d’une façon indirecte, protégé par les administrateurs impériaux.

Ainsi donc, d’un côté, et involontairement, les Juifs furent les inconscients auxiliaires du christianisme, tandis que d’autre part ils furent ses ennemis ; d’autant plus ses ennemis que les causes d’inimitié étaient nombreuses. On sait que Jésus et sa doctrine recrutèrent leurs premiers adhérents parmi ces provinciaux galiléens si méprisés des hiérosolymites, parce qu’ils avaient subi, plus que tous autres, les influences étrangères. «  Que peut-il venir de bon de Nazareth ? », disait-on. Ces petites gens de Galilée, quoique très attachés aux coutumes et aux rites judaïques, — à ce point qu’ils étaient plus rigoristes peut-être que les Jérusalémites, — étaient ignorants