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au temps du Messie, à ce temps où tous les hommes seraient jugés avec équité où tous seraient égaux, où tous seraient libres, car ils avaient l’amour de la liberté.

Cette passion contribua aussi à la formation de l’esprit révolutionnaire des Juifs, et, en parlant de liberté, je n’entends pas la liberté politique. L’idée de la liberté politique naquit en Israël surtout au temps des Antiokhos et à l’époque de la domination romaine, lorsque, soit Épiphane ou Sidétès, soit Aulus Gabinius ou les autres proconsuls fomentèrent les persécutions religieuses, provoquant ainsi les grands mouvements nationalistes des Zélotes et des Sicaires.

Mais si la conception de la liberté politique fut tardive, celle de la liberté individuelle exista toujours chez les Israélites, car elle fut un corollaire inévitable de leur dogme sur la divinité, elle découla de leur théorie sur la création de l’homme.

D’après cette théorie, tout pouvoir appartenait à Dieu, et le Juif ne pouvait être dirigé que par Iahvé. Il ne rendait compte de ses actes qu’à l’Adonaï qui gouverne les cieux et la terre ; aucun de ses semblables n’avait le droit de restreindre son action ni de lui imposer sa volonté ; vis-à-vis des créatures de chair, il était libre, et il devait être libre. Cette conviction rendait l’Hébreu incapable de discipline et de subordination, elle le portait à rejeter toutes les entraves dont les rois ou les patriciens auraient voulu le lier, et les princes judéens ne régnèrent