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tures de chair et qui éloigne son cœur de Iahvé ! » Iahvé est ton fort, ton bouclier, ta citadelle, ton espérance, disent les Psaumes.

Tous les Juifs sont les sujets de Iahvé ; il l’a dit lui-même : « C’est de moi que les enfants d’Israël sont esclaves[1]. » Quelle autorité peut donc prévaloir auprès de l’autorité divine ? Tout gouvernement, quel qu’il soit, est mauvais, puisqu’il tend à se substituer au gouvernement de Dieu ; il doit être combattu, puisque Iahvé est le seul chef de la république judaïque, le seul auquel l’Israélite doive obéissance.

Quand les prophètes insultaient les rois, ils représentaient le sentiment d’Israël. Ils donnaient une expression aux pensées des pauvres, des humbles, de tous ceux qui, étant directement malmenés par la puissance des rois ou celle des riches, étaient plus portés, par cela même, à critiquer ou à nier le bien-fondé de cette tyrannie. Comme ces anavim et ces ébionim ne tenaient pour maître que Iahvé, ils étaient poussés à se révolter contre la magistrature humaine ; ils ne la pouvaient accepter et, dans les époques de soulèvement, on vit Zadok et Juda le Galiléen entraîner avec eux les zélateurs en criant : « N’appelez personne votre maître. » Zadok et Juda étaient logiques ; quand on place son tyran dans les cieux, on n’en peut subir ici-bas.

Nulle autorité n’étant compatible avec celle de Iahvé, il s’ensuivait fatalement qu’aucun homme ne

  1. Levit., XXV, 55.