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En Afrique, on trouve des Juifs agriculteurs et nomades, alliés aux Kabyles et aux Berbères près de Sétif, de Guelma et de Biskra, aux frontières du Maroc, ils vont en caravane jusqu’à Tombouctou, et quelques-unes de leurs tribus, sur les confins du Sahara, sont des tribus noires[1], ainsi les Daggatouns, comme sont noirs les Falachas Juifs de l’Abbyssinie[2]. Dans l’Inde, on trouve des Juifs blancs à Bombay, et des Juifs noirs à Cochin, mais les Juifs blancs ont du sang mélanien. Ils s’établirent dans l’Inde au Ve siècle, après les persécutions du roi perse Phéroces qui les chassa de Bagdad ; toutefois, on rapporte leur établissement à une date plus reculée : à la venue des Juifs en Chine, c’est-à-dire avant Jésus. Quant aux Juifs de Chine, ils sont non seulement apparentés aux Chinois qui les entourent, mais encore ils ont adopté les pratiques de la religion de Confucius[3].

Donc le Juif a été incessamment transformé par les milieux différents dans lesquels il a séjourné. Il a changé parce que les langues diverses qu’il a parlées ont introduit en lui des notions différentes et opposées, il n’est pas resté tel qu’un peuple uni et homogène, au contraire, il est à présent le plus hétérogène

  1. Mardochée Aby Serour : Les Daggatouns, Paris, 1880.
  2. Pour les Falachas, voir d’Abbadie : Nouvelles annales des Voyages, 1845, III, p. 84, et Ph. Luzatto : Archives israélites, 1851-1854.
  3. Elie Schwartz : Le Peuple de Dieu en Chine, Strasbourg, 1880. — Abbé Sionnet : Essai sur les Juifs de la Chine, Paris, 1837.