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cette tradition, ils y étaient néanmoins fixés bien avant l’ère chrétienne, comme en témoignent les inscriptions grecques d’Anape, d’Olbia et de Panticapéia. Au septième et au huitième siècle ils émigrèrent de Babylonie et arrivèrent dans les villes tartares, Kerstch, Tarku, Derbend, etc. Là, en 620 environ, ils convertirent une peuplade entière, peuplade dont le territoire se trouvait dans le voisinage d’Astrakan : les Khazars[1], La légende s’est emparée de ce fait qui émut beaucoup les Juifs d’Occident, mais il ne peut, malgré cela, être mis en doute. Isidore de Séville, contemporain de la chose, en parle, et plus tard, au Xe siècle, Hasdaï ibn Schaprout, ministre du kalife Abd-el-Rhaman III, correspondit avec Joseph, dernier Chagan des Khazars, dont le royaume fut détruit par le prince Swiatilaw de Kiew. Les Khazars exercèrent une grande influence sur les tribus tatares voisines, celles des Poliane, des Séveriane et des Wiatitischi entre autres et firent parmi elles de nombreux prosélytes.

Au douzième siècle, des peuples tatares du Caucase se convertissent encore au judaïsme, ainsi que le rapporte le voyageur Pétahya de Ratisbonne[2]. Au quatorzième siècle, dans les hordes qui, ayant à leur tête un certain Mamaï, envahirent les contrées en-

  1. Vivien de Saint-Martin : Les Khazars (Paris, 1851). — C. d’Ohsson : Les peuples du Caucase (Paris, 1828). — Revue des Études juives, t. XX, p. 144.
  2. Basnage : Histoire des Juifs, t. IX, p. 246, et Wagenseil : Exercitationes.