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mite, le Touranien et l’Arya, bien que ces divisions soient impossibles à justifier, soit linguistiquement, soit anthropologiquement, soit historiquement[1].

Sans nous arrêter à discuter si les races nègres sont capables ou non de civilisation[2], il nous faut voir ce que l’on entend par Aryens et par Sémites.

On appelle Aryens tous les peuples dont l’idiome dérive du sanscrit, langue que parlait un groupe humain qu’on nommait arya. Or, ce groupe « ne présente d’unité scientifiquement démontrable qu’au point de vue exclusivement linguistique »[3] ; toute unité anthropologique est indémontrable : les mensurations crâniennes, les indices, les nombres ne fournissent aucune preuve. Dans ce chaos aryen, on trouve des types sémitiques, des types mongols, tous les types et toutes les variétés de types, depuis celui qui est propre à se développer moralement, intellectuellement et socialement, jusqu’à celui qui reste

  1. Cette classification a à peu près la même valeur que cette prétention des classes féodales qui, au Moyen Âge, justifiaient leur tyrannie en se prétendant japhétiques, tandis que le paysan et le serf étaient chamites, ce qui légitimait les rapports de supérieur à inférieur.
  2. Nous savons que la civilisation si admirable de l’antique Égypte a été pour une bonne partie l’œuvre des nègres, auxquels vinrent en aide des rouges, des Sémites, des Touraniens, et quelques-unes de ces peuplades blanches, représentées encore de nos jours par ces Touaregs africains qui n’ont jamais fondé de société ni rien de durable. Il existe encore en Afrique des ruines grandioses qui témoignent de l’existence d’une civilisation nègre fort développée à un moment de l’histoire.
  3. Léon Metchnikoff : loc. cit.