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mêmes on a établi des subdivisions, des catégories. On a affirmé d’abord que seule la race blanche et quelques familles de la race jaune étaient capables de créer des civilisations supérieures ; on a ensuite divisé cette race blanche en deux rameaux : la race aryenne et la race sémitique ; enfin on a assuré que la race aryenne devait être considérée comme la plus parfaite. De nos jours même, la race aryenne a été subdivisée en groupes, ce qui a permis aux anthropologistes et aux ethnologistes chauvins de déclarer que, soit le groupe celte, soit le groupe germain, devait être considéré comme le pur froment de cette race aryenne déjà supérieure. A la base de l’histoire de l’antiquité orientale, les historiens modernes placent ce problème qu’ils tiennent pour capital, d’autant plus qu’il est insoluble. A quelle souche appartiennent les peuples anciens ? sont-ils Aryas, Touraniens ou Sémites ? Telle est la question qui est posée aux débuts de toutes les recherches sur les nations de l’Orient. On modèle ainsi l’histoire, consciemment ou inconsciemment, sur les tableaux ethniques de la Genèse — tableaux que l’on retrouve chez les Babyloniens et les Grecs primitifs — qui expliquaient rudimentairement la diversité des groupes humains, par l’existence de rejetons issus de parents uniques, rejetons ayant chacun engendré un peuple. Ainsi c’est la Bible qui est encore l’auxiliaire des antisémites, car, on en est encore, en ethnographie et en histoire, aux explications de la Genèse à Sem, Cham et Japhet remplacés par le Sé-