Page:Lazare - L’Antisémitisme, 1894.djvu/228

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

typhus, à toutes les pestes. De jour en jour leur état s’aggrave, leur détresse augmente, ils s’écrasent dans ces cités comme un bétail trop pressé dans des étables trop étroites, et nul espoir de délivrance ne luit pour eux ; ils n’ont le choix qu’entre trois alternatives : se convertir, émigrer ou mourir. C’est ce qu’avait prévu M. Pobedonostsef, le procureur du Saint-Synode, lorsqu’il exigeait l’application des lois d’Ignatief.

Outre ce refoulement systématique, d’autres mesures ont été prises contre les Juifs. On leur interdit certains emplois et certaines professions ; on chasse des hôpitaux ceux qui y sont comme infirmiers, on congédie ceux qui sont employés dans les compagnies de chemins de fer et les compagnies de navigation ; on limite le nombre de ceux qui ont le droit d’entrer dans les universités, les écoles supérieures et les gymnases ; on les empêche d’être avocats, avoués, médecins, ingénieurs, ou tout au moins, on ne les autorise à embrasser ces professions que fort rarement ; on leur ferme leurs propres écoles, on ne les admet même pas dans les hôpitaux ; on les accable d’impôts spéciaux, sur leurs loyers, sur leurs héritages, sur la viande qu’ils tuent, sur les bougies qu’ils allument le vendredi soir, sur les calottes dont ils se couvrent la tête pendant les cérémonies religieuses, même privées.

A côté de ces taxes officielles, décrétées par le gouvernement, ils subissent l’exploitation de l’administration et de la police russe, les plus corrompues,