en France ; l’assimilation légale s’acheva en 1830, lorsque Laffitte fit inscrire le culte juif au budget. C’était l’écroulement définitif de l’état chrétien, bien que l’état laïque ne fût pas complètement constitué. En 1839 le dernier vestige des antiques séparations entre Juifs et chrétiens disparut avec l’abolition du serment More Judaico. L’assimilation morale ne fut pas aussi complète.
Mais nous n’avons parlé jusqu’à maintenant que de l’émancipation des Juifs français, il nous reste à voir l’influence qu’elle eut sur les Juifs d’Europe[1]. En Hollande, dès 1796, au moment de la fondation de la République Batave, l’Assemblée nationale donna aux Juifs les droits de citoyen, et leur situation, réglementée plus tard par Louis Bonaparte, fut déterminée d’une façon définitive par Guillaume Ier en 1815. Il est vrai que depuis le seizième siècle, les
- ↑ Je ne parlerai pas dans ce livre des Juifs modernes des pays musulmans des Juifs de Turquie, d’Asie Mineure, de Tripolitaine, de Perse. Il est bien évident que là l’inimitié a de tout autres causes que dans les pays chrétiens, et ce sont des principes, ou du moins des idées et des instincts tout différents qui guident les mahométans. L’antisémitisme, au sens contemporain du mot, n’existe dans aucun de ces pays, mais l’hostilité contre les Juifs y est cependant très grande, surtout l’hostilité populaire. Il faudrait, pour en déterminer les raisons, une étude spéciale que j’entreprendrai plus tard : dans cette étude je ferai rentrer les Juifs algériens et tunisiens, sans m’occuper bien entendu des griefs que peuvent avoir contre eux les antisémites français, griefs semblables à ceux que nous allons exposer ici, bien que quelques-uns, tels que le grief national, ne soient pas facilement soutenables. Je m’occuperai seulement des rapports plus intéressants et des causes de haine entre Arabes et Juifs.