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le Zélateur[1]. Cela, cependant, ne suffisait pas à l’ardeur des Juifs. Après avoir préparé les esprits aux colloques futurs, après avoir assailli les doctrines catholiques, non seulement dans des tournois oratoires, mais encore dans des apologies, ils écrivirent des pamphlets injurieux comme ce Toledot Jeschu, vie du Galiléen qui remonte au deuxième ou troisième siècle, et que Celse connaissait peut-être[2]. Ce Toledot Jeschu fut publié par Raymond Martin ; Luther le traduisit en allemand ; Wagenseil et le hollandais Huldrich le publièrent aussi. Il contenait l’histoire du soldat Pantherus et les légendes représentant Jésus comme un magicien. Puis, ayant défendu la Bible et le monothéisme, les Juifs se tournèrent contre ceux qui étaient leurs plus dangereux ennemis : contre les convertis. S’ils réfutèrent Raymond Martin[3] et Nicolas de Lyra[4], ils réfutèrent avec plus d’énergie encore Jérôme de Santa-Fé, ce Santa-Fé que ses anciens coreligionnaires appelaient Megaddef, c’est-à-dire blasphémateur. Sur Jérôme, on s’acharna. Don Vidal ibn Labi, Isaac ben Nathan Kalonymos[5], Salomon

  1. Zadoc Kahn : Le Livre de Joseph le Zélateur (Revue des Études juives t. I et III).
  2. Voir pour le Toledot Jeschu, les Tela ignea Satanae de Wagenseil, t. II, p. 189, et B. de Rossi : Bibliotheca Judaica antichristiana, Parme, 1800, p. 117.
  3. Salomon ben Adret, de Barcelone, réfuta le Pugio Fidei.
  4. Hayym ibn Mousa réfuta Nicolas de Lyra dans son Bouclier et Glaive (Graetz : loc. cit.).
  5. Réfutation du Trompeur (Graetz : loc. cit.).