Page:Lazare - L’Antisémitisme, 1894.djvu/198

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dition que ces fiefs et ces biens leur restassent acquis au décès de l’emprunteur ; parce que, au milieu du treizième siècle l’ordre du Temple possédait une grande partie du territoire français et qu’il formait une république dans l’État, le Templier n’ayant et ne reconnaissant pas d’autre maître que Dieu[1]. On voit donc là les mêmes causes produire les mêmes effets, créer les mêmes animosités, engendrer les mêmes croyances.

N’a-t-on pas dit des Templiers qu’ils « cuisaient et rôtissaient les enfants qu’ils avaient procréés aux filles et, toute la graisse ôtée, ils sacraient et oignaient leurs idoles[2] » ? N’a-t-on pas dit des Cagots qu’ils se servaient de sang chrétien ? L’accusation du meurtre rituel ne pèse-t-elle pas sur les Juifs, comme elle a pesé sur les lépreux, ces misérables que le moyen âge, reprenant les assertions de Manéthon répétées par Chérémon, Lysimaque, Posidonius, Apollonius Molon et Appion, considéra comme les frères du Juif ; comme elle a pesé sur les sorciers qu’on assimilait aux Juifs ? Mais nous reviendrons sur cette question lorsque nous parlerons des antisémites modernes.

En présence de ces attaques, de ces injures que leur adressaient les théologiens et les polémistes, comment se conduisaient les Juifs ? Ils se défendaient vigoureusement. À l’exégèse, ils opposaient l’exégèse ;

  1. Lavocat : Procès des Frères de l’ordre du Temple, Paris, 1888.
  2. Lavocat : loc. cit.