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cette législation. On les poursuivit non parce qu’ils étaient Juifs, l’Église voulait conserver les Juifs comme un vivant témoignage de son triomphe, mais parce qu’ils incitaient à la judaïsation, soit directement, soit inconsciemment et par le seul effet de leur existence. Leurs philosophes n’avaient-ils pas poussé des métaphysiciens comme Amaury de Bêne et David de Dinan ? De plus, certains hérétiques n’étaient-ils pas des judaïsants ? Les Pasagiens de la Haute-Italie observaient la loi mosaïque ; l’hérésie d’Orléans était une hérésie juive ; une secte albigeoise affirmait que la doctrine des Juifs était préférable à celle des chrétiens ; les Hussites étaient soutenus par les Juifs ; aussi les dominicains prêchèrent contre les Hussites et les Juifs, et l’Armée impériale qui marchait contre Jean Ziska massacra les Juifs sur sa route.

En Espagne, où les mélanges juifs et chrétiens avaient été considérables, l’Inquisition fut instaurée par Grégoire XI, qui lui donna une constitution, pour surveiller les hérétiques judaïsants, et les Juifs et les Maures qui, quoique non sujets de l’Église, étaient soumis au Saint Office lorsque « par leurs paroles ou leurs écrits, ils engageaient les catholiques à embrasser leur foi ». De plus la papauté rappela aux rois d’Espagne les décisions canoniques, car les fueros, les coutumes castillanes, en se substituant aux lois visigothiques, avaient assuré aux Juifs, aux chrétiens et aux musulmans les mêmes droits.

Toutes ces mesures ecclésiastiques renforcèrent