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les possesseurs qui subissaient les violences des révoltés, les pauvres étaient épargnés ; parmi les Juifs, on exterminait pauvres et riches indistinctement car ils étaient, avant tout crime, coupables d’être Juifs. À la colère d’être dépouillés par des maudits, et ces maudits étant d’une race étrangère, formant un peuple à part, nulle considération ne retenait plus les spoliés.

Toutefois, les masses maintenues par l’autorité et par les lois, s’attaquaient rarement à la généralité des capitalistes ; il fallait pour les pousser à se rebeller une effrayante accumulation de misères. En ce qui regardait le Juif, leur animosité n’était nullement retenue ; au contraire, elle était encouragée. C’était un dérivatif et, de temps en temps, rois, nobles ou bourgeois offraient à leurs esclaves un holocauste de Juifs. Ce malheureux Juif, durant le moyen âge, est utilisé à deux fins. On se sert de lui comme d’une sangsue, on le laisse gonfler, s’emplir d’or, puis on l’oblige à dégorger, ou, si les haines populaires sont trop exacerbées, on le livre à un supplice profitable aux capitalistes chrétiens qui paient ainsi à ceux qu’ils pressurent un tribut de sang propitiatoire.

De temps en temps, pour donner satisfaction à leurs sujets trop misérables, les rois proscrivaient l’usure juive, ils annulaient les créances, mais le plus souvent ils toléraient les Juifs, les encourageaient, certains d’y trouver un jour profit par la con-