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s’astreindre aux mille lois culturelles. Pour gagner ce bonheur égoïste, le Juif, que les pratiques recommandées délivraient de tout souci, de toute inquiétude, était fatalement conduit à rechercher l’or, car, étant données les conditions sociales qui le régissaient, comme elles régissaient tous les hommes de cette époque, l’or seul pouvait lui procurer les satisfactions que concevait sa cervelle bornée et rétrécie. Ainsi par lui-même et par ceux qui l’entourèrent, par ses lois propres et par celles qui lui furent imposées, par sa nature artificielle et par les circonstances, le Juif fut dirigé vers l’or ; il fut préparé à être le changeur, le prêteur, l’usurier, celui qui capte le métal, d’abord pour les jouissances qu’il peut procurer, puis pour l’unique bonheur de sa possession ; celui qui, avide, saisit l’or, et, avare, l’immobilise. Le Juif devenu tel, l’antijudaïsme se compliqua, les causes sociales se mêlèrent aux causes religieuses, et la combinaison de ces causes explique l’intensité et la gravité des persécutions qu’Israël eut à subir.

En effet, les Lombards et les Caorsins, par exemple, furent en butte à l’animosité populaire ; ils furent haïs et méprisés, mais ils ne furent pas victimes de systématiques persécutions. Que les Juifs détinssent des richesses, on le trouvait abominable, surtout à cause de leur qualité de Juifs. Contre le chrétien qui le spoliait et ne valait d’ailleurs ni plus ni moins que le Juif, le pauvre hère dépouillé ressentait moins de courroux qu’il n’en éprouvait contre le réprouvé israélite, ennemi de Dieu et des hommes.