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gne l’esprit judaïque, l’autorité séculière leur prêta son appui. À plusieurs reprises, les Juifs furent obligés de choisir entre l’exil et le baptême ; c’est de cette époque que date la formation de cette classe des Marranes, des chrétiens judaïsants, que plus tard l’Inquisition dispersa. Jusqu’au huitième siècle, les Juifs espagnols vécurent dans cet état d’incertitude et de détresse, ne comptant que sur la bienveillance passagère de quelques rois, comme Swintila et Wamba. Ce fut Tarik, le conquérant mahométan, qui les libéra, en détruisant l’empire visigothique, avec l’aide des Juifs restés en Espagne. Après la bataille de Xerès et la défaite de Roderic (711), les Juifs respirèrent.

A peu près à la même époque, une ère meilleure s’ouvrait pour eux en France. Ils avaient fondé des colonies en Gaule au temps de la République romaine ou de César, et ils avaient prospéré, bénéficiant de leur état de citoyens romains. Quand arrivèrent les Burgondes et les Francs, leur situation ne fut pas changée et les envahisseurs ne les traitèrent pas autrement que les Gaulois. Leur histoire suivit les mêmes fluctuations et les mêmes rythmes qu’en Italie et en Espagne. Libres sous la domination païenne ou arienne, ils furent opprimés sitôt que l’orthodoxie domina. Sigismond, roi des Burgondes, édicta contre eux des lois dès sa conversion au catholicisme, et ses successeurs les confirmèrent[1]. Quant aux Francs,

  1. Lex Burgundionum, tit. XV, 1, 2, 3.