Page:Lazare - Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, 1844.djvu/79

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Avant 1789, la Bibliothèque se divisait en cinq dépôts : les livres imprimés, les manuscrits, les médailles et les antiques, les gravures, les titres et généalogies. Ce dernier dépôt a été supprimé.

La collection des manuscrits occupe cinq pièces, dont l’une est l’ancienne galerie du palais Mazarin. Le plafond, peint à fresque en 1651, est l’ouvrage de Romanelli. Il représente plusieurs sujets de la fable. Les manuscrits sont divisés par fonds, parmi lesquels on distingue ceux de Dupuy, de Béthune, de Brienne, de Gaignières, de Mesmes, de Colbert, de Doat, de Cangé, de Lancelot, de Baluze. Le nombre des manuscrits est évalué à quatre-vingt mille. Les plus curieux sont ceux des VIe et VIIe siècles. Ils sont écrits en or sur du vélin pourpre ; ou en argent sur parchemin noir. On distingue aussi la Bible dite de Charles-le-Chauve, et les Heures d’Anne de Bretagne.

Le cabinet des médailles et des antiques est également remarquable.

François Ier possédait vingt médailles en or et une centaine en argent. Il les fit enchâsser dans des ouvrages d’orfèvrerie. Henri II joignit aux médailles qui avaient appartenu à François Ier celles qui composaient la riche collection apportée d’Italie par Catherine de Médicis. Charles IX augmenta ces richesses et leur destina un local particulier dans le Louvre. Le premier, il créa une place spéciale pour leur conservation. Pendant les troubles de la Ligue, les médailles furent dispersées. Henri IV et Louis XIII essayèrent de réparer ces pertes. À Louis XIV appartient l’honneur d’avoir rassemblé les collections disséminées dans les résidences royales, et d’avoir créé au Louvre le cabinet des antiques.

Au mois de novembre 1666, l’abbé Bruneau, gardien des médailles, fut assassiné dans le Louvre. Les meurtriers s’emparèrent d’une partie de nos richesses numismatiques. Peu de temps après, la collection fut transportée à la Bibliothèque Royale.

En 1831, le cabinet des médailles éprouva de nouvelles pertes. Une tentative de vol fut accomplie avec une audace étonnante. Des objets rares et précieux furent enlevés. Il résulte d’un état dressé par les conservateurs, que le nombre des médailles dérobées et non recouvrées, s’élève à deux mille sept cent soixante-deux. Cependant cette collection est riche encore aujourd’hui. On compte dans ce cabinet plus de quatre-vingt mille médailles.

On remarque dans une des galeries des imprimés un monument appelé le Parnasse français, composé par Titon du Tillet. Ce Parnasse a été érigé à la gloire de Louis XIV et des littérateurs de son siècle. Depuis on y a ajouté les figures de Rousseau, de Crébillon et de Voltaire.

Dans la pièce affectée aux livres de géographie, on voit deux globes immenses. Ils furent commencés à Venise par Marc-Vincent Coronelli, d’après l’ordre du cardinal d’Estrées, qui en fit hommage à Louis XIV.

Sur des lames de cuivre doré, le cardinal d’Estrées fit graver deux inscriptions. Voici celle du globe céleste :

À L’AUGUSTE MAJESTÉ
DE LOUIS-LE-GRAND,
L’INVINCIBLE, L’HEUREUX,
LE SAGE, LE CONQUÉRANT,

César cardinal d’Estrées a consacré ce globe céleste où toutes les étoiles du firmament et les planètes sont placées au lieu même où elles étoient à la naissance de ce fameux monarque, afin de conserver à l’éternité une image fixe de cette heureuse disposition sous laquelle la France a reçu le plus grand présent que le ciel ait jamais fait à la terre. M. DC. LXXXIII.

L’inscription du globe terrestre est ainsi conçue :

À L’AUGUSTE MAJESTÉ
DE LOUIS-LE-GRAND,
L’INVINCIBLE, L’HEUREUX,
LE SAGE, LE CONQUÉRANT,

César cardinal d’Estrées a consacré ce globe terrestre pour rendre un continuel hommage à sa gloire et à ses héroïques vertus, en montrant les pays où mille grandes actions ont été exécutées et par lui-même et par ses ordres à l’étonnement de tant de nations qu’il aurait pu soumettre à son empire, si sa modération n’eût arrêté le cours de ses conquêtes et prescrit des bornes à sa valeur plus encore que sa fortune. M. DC. LXXXIII.

Plusieurs projets relatifs au déplacement de la Bibliothèque ont été successivement présentés. Napoléon, en arrêtant la réunion des palais du Louvre et des Tuileries, avait décidé que ces deux monuments seraient séparés par une ligne transversale de bâtiments qui contiendraient la Bibliothèque nationale. Il est à regretter que ce changement n’ait pas eu lieu ; le local actuel de la Bibliothèque n’est plus en rapport avec les richesses qu’il est appelé à renfermer. — Une ordonnance royale du 14 novembre 1832 confia l’administration de cet établissement aux conservateurs et à leurs adjoints, qui forment un conseil sous la présidence d’un directeur. L’organisation établie par cette ordonnance fut modifiée par une autre ordonnance royale du 22 février 1839, qui nommait un administrateur général de la Bibliothèque. L’ancien état de choses a été rétabli par M. Villemain. La Bibliothèque Royale est ouverte tous les jours de dix heures à trois, les dimanches et fêtes exceptés.


Bichat (rue).

Commence à la rue du Faubourg-du-Temple, nos 43 et 45 ; finit à la rue Grange-aux-Belles, no  34. Le dernier impair est 19 ; le dernier pair, 24. Sa longueur est de 566 m. — 5e arrondissement, quartier de la Porte-Saint-Martin.

Partie comprise entre les rues du Faubourg-du-Temple et Alibert. — Une ordonnance royale du 30 août 1824, a autorisé M. Davaux à ouvrir sur son terrain une rue