doivent former la d. place, suivant le plan que nous
en avons arrêté ; mais depuis nous avons trouvé que
ces murs de face, quoyque convenables, par leur élévation
et leur architecture, à la grandeur de la place,
estoient incommodes et impraticables pour les particuliers
qui auroient voulu y faire construire des
maisons, ce qui jusqu’à présent a empêché la perfection
de cet ouvrage, et nous auroit déterminé à
prendre d’autres mesures et à former un nouveau
dessin, dont néanmoins nous aurions résolu de surseoir
à l’exécution. Sur quoi les prevost des marchands
et eschevins désirant nous donner des marques
de leur zèle pour l’exécution de nos projets, et
procurer aux habitants du d. quartier et des rues
Neuves-Saint-Honnoré et des Petits-Champs, et autres
adjacentes, la commodité qu’ils recevront de
cette place, nous auroient offert et proposé de se
charger de la construction de cette dite place, rue
Saint-Honnoré, suivant le d. nouveau plan, d’acquérir
l’emplacement nécessaire pour la construction de la d.
place, si nous voulions bien délaisser et abandonner
aux d. prevost des marchands et eschevins, l’emplacement
restant du d. hôtel de Vandosme et de l’ancien
couvent des Capucines, places et ès-environs, avec les
édifices qui ont été commencez sur le d. emplacement
pour former la d. place en l’état qu’elle est. À
ces causes, après avoir fait examiner en nostre conseil
le contrat de vente à nous fait du d. hôtel de Vandosme
et dépendances, et l’arrest de notre conseil du
2 mai 1686, et lettres-patentes sur iceluy, le plan de
la place commencée au quartier des rues Neuves-Saint-Honnoré
et des Petits-Champs, le plan levé par
nos ordres de la nouvelle place, ensemble les offres
et propositions des d. prevost des marchands, et eschevins,
et, désirant les traitter favorablement, nous
avons par ces présentes, et de l’avis de notre conseil,
dit, déclaré et ordonné, disons, déclarons et ordonnons,
voulons et nous plaît qu’il soit incessamment
passé contrat de délaissement à perpétuité aux d.
prevost des marchands et eschevins, de la totalité
du fonds et de la superficie de l’emplacement restant
de l’hostel de Vandosme et de l’ancien couvent des
Capucines, appartenances et dépendances, places et
ès environs d’iceux, le tout marqué sur le d. plan,
avec les bâtiments et édifices qui ont esté construits
pour former la place en l’état qu’elle est, suivant
l’ancien dessin ; pour, par les d. prevost des marchands
et eschevins, en faire et disposer comme ils
aviseront ; voulons, attendu l’objet de destination,
qu’ils soyent exempts de tous droits généralement
quelconques ; voulons et ordonnons que les d. prevost
des marchands et eschevins soyent tenus, suivant
leurs offres, de faire construire incessamment,
sur les emplacements par nous à eux délaissez, et
dont il sera passé contrat, les édifices nécessaires
pour former la nouvelle place que nous avons résolu,
avec les rues d’entrée et issue, le tout suivant le plan
et élévation levés par nos ordres ; à l’effet de quoy
les dits prevost des marchands et eschevins feront
démolir, tant en fondation que superficie, les bâtiments
que nous aurions commencés de faire construire
pour, les matériaux et démolitions en provenant,
être employés à la confection du nouveau dessin.
Voulons aussi que les d. prevost des marchands
et eschevins soient tenus de faire le premier pavé de
la d. rue et des places environnantes. Voulons que
les deniers qui proviendront des ventes et aliénations
ou délaissemens qui pourront être faits, soient
employés au perfectionnement de la nouvelle place,
aux ornemens et décorations d’icelle et dépendances.
Voulons et ordonnons qu’il soit par le sieur Mansart,
à présent surintendant de nos bastimens, ou
telles personnes qu’il avisera sous ses ordres, tenu
la main à ce que les édifices qui doivent composer la
façade de la dite nouvelle place, soient construits solidement,
et en conformité des plans par nous arrêtez,
etc. Données à Versailles, le 7e jour d’avril, l’an
de grâce 1699, et de notre règne le 56e. Signé
Louis. » (Extrait des lettres-patentes, archives du
royaume, bureau de la ville, registre H, no 1837, fo 234.)
Ces lettres-patentes ayant été registrées en parlement le 29 du même mois, les travaux de construction furent alors repris avec vigueur sous la direction de Jules Hardouin Mansart. Le 16 août de la même année, la statue de Louis XIV fut inaugurée en grande cérémonie au milieu de cette place. Cette statue, fondue d’un seul jet, en 1692, par Balthasar Keller, d’après Girardon, était d’une dimension colossale. Le grand roi, représenté à cheval, vêtu à l’antique, avait la tête couverte d’une immense perruque. Plusieurs écrivains de cette époque affirment que vingt hommes, assis sur deux rangs autour d’une table, auraient pu se tenir à l’aise dans le ventre du cheval. — La place, alors nommée place des Conquêtes, n’était pas encore terminée. Deux arrêts du conseil, des 5 juin 1700 et 3 mai 1701, prescrivirent son achèvement. Ces arrêts reçurent peu de temps après leur exécution. Cette large voie publique forme un octogone ayant quatre grandes faces et quatre petites. Son architecture est parfaitement régulière et présente une décoration d’ordre corinthien. Entre chaque face s’avance un corps de logis surmonté d’un fronton dans le tympan duquel sont sculptées les armes de France au milieu d’ornements divers. La symétrie des bâtiments bordant les deux entrées de cette place est altérée depuis une trentaine d’années par la construction de plusieurs boutiques ; l’administration actuelle s’imposera sans doute le devoir de faire respecter cette magnifique architecture.
De 1764 à 1771, la foire Saint-Ovide avait lieu sur la place Vendôme. Le corps de ce saint avait été donné dès 1665 aux religieuses Capucines. La foire Saint-Ovide, transférée en 1771 sur la place Louis XV, fut supprimée vers 1784.
Le 16 août 1792, la statue équestre de Louis XIV