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1202. Son existence est néanmoins antérieure à cette époque. Le cartulaire de Saint-Germain-l’Auxerrois renferme des lettres d’Eudes de Sully, évêque de Paris, dans lesquelles ce prélat déclare que, d’après son consentement, on avait bâti une chapelle dans la maison hospitalière de la Croix-de-la-Reine. Ces lettres qui sont à l’année 1202, et qui furent données pour terminer une contestation élevée entre cet hôpital et le chapitre de Saint-Germain, prouvent évidemment que la fondation de cet établissement était antérieure à cette contestation. Cette maison portait la dénomination d’hôpital de la Croix-de-la-Reine, en raison d’une croix ainsi appelée qu’on voyait au coin des rues Greneta et Saint-Denis. Jusqu’en 1210, cet hôpital fut administré par un chapelain. Des lettres de Pierre de Nemours, évêque de Paris, nous apprennent que Guillaume Escuacol et Jean Paâlée, son frère utérin, offrirent à Thomas, abbé d’Hermières, la direction de cette maison, à condition qu’il y mettrait au moins trois religieux de son ordre qui seraient chargés de donner l’hospitalité à des pèlerins, mais seulement à ceux qui traversaient Paris. Des actes de 1280 désignent cet établissement sous le nom de la Trinité-aux-Asniers. Vers la fin du XIVe siècle, ces religieux louèrent la plus grande salle de cet hôpital à des comédiens nommés les Confrères de la Passion. Le parlement ordonna le 14 janvier 1536, que les deux salles de la Trinité, dont la haute servait aux représentations des farces et jeux, seraient appliquées à l’hébergement de ceux qui étaient infectés de maladies vénériennes et contagieuses. Cet arrêt ne fut point exécuté. Ces malades furent placés à l’hôpital Saint-Eustache, en vertu d’un autre arrêt du 3 mars de la même année. Enfin, un troisième arrêt de janvier 1545, ordonna que les enfants mâles des pauvres, étant au-dessous de l’âge de sept ans, seroient ségrégés d’avec leurs pères et mères et mis à un lieu à part pour y être nourris, logés et enseignés en la religion chrétienne. On choisit pour cet établissement l’hôpital de la Trinité. Les administrateurs de cette maison étaient le curé de la paroisse Saint-Eustache et quatre bourgeois notables de la ville. Cet établissement était composé de trente-six filles et de cent garçons orphelins de père ou de mère. Les garçons donnaient en entrant 400 livres, les filles, 50. Cet argent leur était remis à leur sortie de la maison. Le frère et la sœur ne pouvaient être reçus que successivement. On leur apprenait à lire, à écrire, puis on leur donnait le métier pour lequel ils se sentaient le plus de dispositions. Grâce au zèle des administrateurs de cette maison, l’enclos devint bientôt un lieu privilégié. À la fin du XVIIIe siècle, des rues furent ouvertes et se peuplèrent d’ouvriers de diverses professions. Les artisans qui s’y établissaient gagnaient la maitrise. Cette qualité leur était accordée, à la charge par eux de montrer leur état aux enfants qui devenaient fils de maîtres. Les jeunes pensionnaires étaient connus sous le nom d’Enfants-Bleus, en raison de la couleur de leurs vêtements. Cet utile établissement fut supprimé au commencement de la révolution. L’église de la Trinité, dont le portail était l’ouvrage de François Dorbay, fut vendue le 20 novembre 1812, moyennant 63,600 francs, par l’administration des hospices. Elle a été abattue en 1817. Les propriétés formant cet enclos ont été aliénées par la même administration.

Triomphes (avenue des).

Commence à la place du Trône, no 5 ; finit au chemin de ronde de la barrière de Vincennes. Le dernier impair est 13 ; le dernier pair, 6. Sa longueur est de 157 m.8e arrondissement, quartier du Faubourg-Saint-Antoine.

Formée à la fin du XVIIe siècle, cette avenue est ainsi appelée parce qu’elle conduit à la place du Trône où l’on avait élevé un arc de triomphe en l’honneur de Louis XIV. — Une décision ministérielle du 23 pluviôse an X, signée Chaptal, a fixé la largeur de cette avenue à 39 m. Les propriétés nos 1 et 3 devront reculer de 70 c. à 1 m. 70 c. ; le surplus de ce côté est aligné. Sur le côté des numéros pairs, la propriété formant l’encoignure de la place est soumise à un retranchement considérable ; un bâtiment de 8 m. 50 c. de longueur, près du chemin de ronde, devra reculer de 1 m. 20 c. ; le surplus est aligné.

Triperet (rue).

Commence à la rue de la Clé, nos 21 et 23 ; finit à la rue Gracieuse, nos 14 et 16. Le dernier impair est 5 ; le dernier pair, 4. Sa longueur est de 87 m.12e arrondissement, quartier du Jardin-du-Roi.

C’était un chemin à la fin du XVIe siècle. Un propriétaire, nommé Jehan Triperet, possédait, en 1540, trois arpents de terre précisément à l’endroit sur lequel cette rue a été bâtie. Il est souvent question de la famille Triperet dans nos annales parisiennes. Hilaire Triperet, avocat au parlement, conseiller du roi et de la ville, fut échevin en 1747, sous la prévôté de messire Louis-Basile de Bernage. — Une décision ministérielle du 28 ventôse an IX, signée Chaptal, fixa la largeur de cette voie publique à 6 m. Cette largeur a été portée à 10 m. en vertu d’une ordonnance royale du 7 janvier 1831. Les constructions riveraines sont soumises à un retranchement qui varie de 3 m. à 3 m. 30 c.

Triperie (rue de la).

Commence à la rue Saint-Jean ; finit à la rue Malar. Pas de numéro. Sa longueur est de 75 m.10e arrondissement, quartier des Invalides.

Tracée sur le plan de Jaillot, mais sans dénomination, cette rue doit son nom actuel à sa proximité d’une triperie. Elle s’étendait, il y a quelques années, jusqu’au quai d’Orsay. Une grande partie de cette communication a été supprimée pour l’établissement