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des Tournelles, ainsi qu’il se poursuit et comporte, appartenances et dépendances d’iceluy, soient et demeurent disjoints et désunis hors de notre domaine et vendus et alliénez à perpétuité, et à cette fin adjugez aux plus offrants et derniers enchérisseurs, etc. — Donné à Saint-Maur-des-Fossés, ce vingt-huitième jour de janvier, l’an de grâce 1563 et de notre règne le quatrième, signé Charles. » — (Archives du royaume, section domaniale, série 9, no 1, 234.)

Ces lettres-patentes furent exécutées. Sur une partie de l’emplacement du parc des Tournelles on établit un Marché aux Chevaux, qui devint sous le règne de Henri III le théâtre d’un duel fameux. — La reine de Navarre, sœur du roi, qui partageait la haine de la reine-mère contre les Mignons dont l’outrecuidance était désordonnée, excita, dit-on, à dessein, une querelle qui s’éleva dans la cour du Louvre, entre Quélus, favori du roi, et Balzac d’Entragues, attaché au duc de Guise. Le 27 avril 1578, à cinq heures du matin, Quélus, accompagné de Maugiron et Livarot, attendait son adversaire au coin du Marché aux Chevaux. D’Entragues arriva bientôt suivi de Riberac et de Scomberg. Ils croisent le fer ! « Maugiron et Scomberg, qui n’avaient que dix-huit ans, furent tués roides, dit Saint-Foix. Riberac mourut le lendemain. Livarot, d’un coup sur la tête, resta six semaines au lit. D’Entragues ne fut que légèrement blessé. Quélus, de dix-neuf coups qu’il avait reçus, languit trente-trois jours et mourut entre les bras du roi, le 29 mai, à l’hôtel de Boissy, dans une chambre qu’on peut dire avoir été sanctifiée depuis, servant à présent de chœur aux filles de la Visitation Sainte-Marie. » — Henri III fit faire de magnifiques funérailles en d’honneurs de ses favoris, leur éleva des tombeaux de marbre dans l’église Saint-Paul, que l’Estoile appela le sérail des Mignons.

§ II. — Place Royale.

Parmi les rois jaloux d’embellir la capitale, Henri IV doit être mis au premier rang. Le document suivant atteste également toute la sollicitude du prince pour le commerce et les manufactures.

Lettres-patentes confirmant les contrats faits à divers des terrains de la Place Royale.

Juillet 1605. « Henry, par la grâce de Dieu, roy de France et de Navarre, à tous présents et advenir, salut. Ayant délibéré pour la commodité et l’ornement de nostre bonne ville de Paris, d’y faire une grande place bastye des quatre costez, la quelle puisse estre propre pour ayder à establir les manufactures des draps de soye et loger les ouvriers que nous voullons attirer en ce royaume, le plus qu’il se pourra et par mesme moyen puisse servir de promenoir aux habitans de nostre ville, les quelz sont fort pressez en leurs maisons à cause de la multitude du peuple qui y afflue de tous costez, comme aussy aux jours de réjouissances lorsqu’il se faict de grandes assemblées et à plusieurs autres occasions qui se rencontrent aux quelles telles places sont du tout nécessaires, nous avons résolu en nostre conseil au quel estoient plusieurs princes, officiers de nostre couronne et aultres de nostre dict conseil, de destiner à cest effect le lieu à présent appelé le Marché aux-Chevaulz, anciennement le parc des Tournelles, et que nous voullons estre doresnavant nommé la Place Royalle, et par leur advis avons faict marquer une grande place vis-à-vis du logis qui a esté basty depuis peu par les entrepreneurs des manufactures, contenant soixante-douze thoises en carré, et avons baillé les places qui se sont trouvées nous appartenir autour du dict carré et celles pour les quelles nous avons récompensé les particuliers à ceulz qui se sont présentez pour y bastir selon nostre desseing, et pour cest effect leur avons délaissé les dictes places comme il est porté par les contractz attachez soubz nostre contrescel, à la charge de païer par an pour chacune des dictes places en la recepte de nostre domaine de Paris, ung escu d’or sol, et en oultre de bastir sur la face des dictes places chacun ung pavillon ayant la muraille de devant de pierre de taille et de brique, ouverte en arcades et des galleryes en dessoubs avec des boutiques pour la commodité des marchandises selon le plan et les ellévations qui en ont été figurées, tellement que les trois costez qui sont à faire pour le tour de la dicte place devant le dict logis des manufactures soient tous bastiz d’une mesme cimettrie pour la décoration de nostre dicte ville, pour le plus grand ornement de la quelle nous avons désir faict les marchez pour faire bastir ung pavillon à noz despens à l’entrée de la dicte place sur la rue que nous faisons percer pour y entrer par la rue Sainct-Anthoine. A ces causes avons par nostre présent édict perpétuel et irrévocable, dict, statué et ordonné, disons, statuons et ordonnons, voulons et nous plaist que les dictes places par nous vendues, ceddées, etc… soient et demeurent à perpétuité aux personnes y dénommées pour culz, leurs hoirs et ayant cause, à la charge d’en païer par chacun an le dict escu d’or de cens, portant lods, vente, saisine, quand le cas y escherra, selon les us et coutumes de nostre dicte bonne ville, prévosté et vicomté de Paris, et oultre à la charge d’y faire les bâtiments contenuz aux dictz contractz par les quelz nous leur avons transporté comme nous faisons par nostre présent édict, tous les droicts de propriettez des dictes places, et sans que les dicts pavillons estans sur la face de la dicte place Royale puissent estre divisés et séparés entre cohéritiers ny aultres, voullant que pour la conservation des chambres respondantes sur la dicte place, les quelles pourroient estre gastées par les partages et séparations, les dicts cohéritiers ou aultres en jouissent par indivis ou s’en donnent récompense. — Donné à Paris au mois de juillet, l’an de grâce mil six cent cinq, et de