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Le préambule de l’Édit du Roi, de janvier 1751, portant création de l’École-Militaire, est ainsi conçu : Après l’expérience que nos prédécesseurs et nous avons faite de ce que peuvent sur la noblesse française les seuls principes de l’honneur, que ne devrions-nous pas attendre, si tous ceux qui la composent y joignaient la lumière acquise par une heureuse éducation ? Mais nous n’avons pu envisager sans attendrissement que plusieurs d’entre eux, après avoir consommé leurs biens à la défense de l’État, se trouvassent réduits à laisser sans éducation des enfants qui auraient pu servir d’appuis à leurs familles, et qui éprouvassent le sort de périr et de vieillir dans nos armées avec la douleur de prévoir l’avilissement de leur nom dans une postérité hors d’état d’en soutenir le lustre, etc.

Les registres du Bureau de la Ville nous ont révélé non seulement les grands talents qui distinguèrent les prévôts des marchands, mais encore cet esprit de justice, cet amour de l’équité qui les ennoblirent. Il en est quelquefois des grandes et fortes institutions, comme des beaux monuments, le temps fait de leur vieillesse l’âge de leur beauté ; ainsi, la Prévôté qui avait traversé cinq siècles était encore vigoureuse et belle même à ses derniers moments.

Justice rendue à l’ancienne institution municipale, on ne saurait songer ensuite à son rétablissement. Quand une époque est finie, le moule est brisé et ne se refait plus ; et puis la révolution qui voulait appliquer son grand système de centralisation, ne pouvait admettre la Prévôté vivant en dehors, avec ses anciennes franchises. Il fallait, pour donner de la sécurité, de la force au Pouvoir Exécutif, qu’il pût pénétrer partout, et sentir sous sa main battre le cœur de la France.

Après avoir réuni les documents relatifs à la formation ou à l’élargissement de nos voies publiques jusqu’en 1789, il importait encore de suivre jusqu’à nos jours leurs améliorations successives et d’indiquer les percements nouveaux.

Le 2 novembre 1789, l’Assemblée Constituante supprimait les ordres monastiques, et déclarait les biens du Clergé propriétés nationales et aliénables. Nous avons donné les dates des ventes de tous les établissements religieux. Ces renseignements s’adressent aux personnes qui désirent connaitre les clauses imposées aux acquéreurs d’immeubles domaniaux.

Après la République, nous avons rencontré l’Empire et sa forte organisation administrative. Dans notre ouvrage sont reproduits ces décrets empreints, comme tout ce qui émanait de la toute-puissance impériale, d’un caractère grandiose et unitaire.

L’Industrie et le Commerce prirent d’heureux développements sous la Restauration.

De grands et utiles travaux d’assainissement furent entrepris.

L’administration actuelle nous a fourni une mine plus riche encore à exploiter, surtout depuis l’époque où l’élection a fortifié l’institution municipale et renouvelé sa sève.

La loi de 1834 a produit de grands résultats ; que ceux qui doutent lèvent les yeux : Paris est un livre ouvert.

Le quartier de la Cité, avec sa population infime, qui, depuis tant de siècles, naissait, souffrait, mourait sans sortir d’une atmosphère putride, a senti dans son sein pénétrer l’air et la vie. Des rues étroites et fangeuses ont disparu, remplacées par deux larges voies publiques.

Les quartiers Sainte-Avoie, des Lombards et des Marchés, renfermant un peuple d’ouvriers, d’artisans, demeuraient depuis longtemps étrangers à toute espèce d’amélioration, tandis que le luxe, la richesse inondaient certaines parties de la ville, qui n’offraient encore, au commencement de notre siècle, que des terrains en friche. Cette inégalité choquante a provoqué la sollicitude de l’administration qui créa comme par enchantement cette magnifique voie qui rattache ces quartiers au grand centre d’approvisionnement de la capitale. Depuis 1834, près de 25 millions ont été dépensés avec sagesse pour élargir les anciennes rues, et pour créer dans les quarante-huit quartiers de la capitale de nouvelles communications.

Il était également réservé à notre époque de continuer l’œuvre inachevée des siècles précédents et de mettre la dernière main à des monuments vénérables, sans leur ravir le cachet précieux des temps où ils ont été construits.

En se rendant compte de tous les grands et utiles travaux exécutés dans l’espace des dix années qui viennent de s’écouler, on peut dire que l’administration actuelle n’a plus rien à envier à ses devancières.