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anciennement Grate-C.  ; en 1427, on lui donna la dénomination de rue des Deux-Petites-Portes. — Une décision ministérielle du 19 pluviôse an VIII, signée L. Bonaparte, fixa la largeur de cette voie publique à 7 m. Cette largeur a été portée à 10 m., en vertu d’une ordonnance royale du 21 juin 1826. Propriétés de 1 à 5, retranch. 4 m. 70 c. à 5 m. 20 c. ; 7, ret., 2 m. 80 c. ; 9, ret. 5 m. 30 c. ; 11, alignée ; de 13 à 25, ret., 4 m. 10 c. à 4 m. 70 c. ; de 27 à la fin, ret. 4 m. 70 c. à 5 m. 50 c. ; 2, ret. réduit 50 c. ; 4, 6, ret. 80 c. à 1 m.10 c. ; 8, alignée ; 10, ret. 90 c. ; 12, ret., 50 c. ; de 14 à 22, alignées ; 24, ret. réduit 1 m. 20 c ; 26, ret. 1 m. ; 28, ret. 85 c. ; 30, ret.70 c. ; 32, ret. 45 c ; 34, ret. 25 c ; 36, redress. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Française).

Port-Mahon (rue de).

Commence à la rue Neuve-Saint-Augustin, no 28 ; finit aux rues Louis-le-Grand, no 24, et d’Hanovre, no 21. Le dernier impair est 11 ; le dernier pair 16. Sa longueur est de 126 m. — 2e arrondissement, quartier Feydeau.

Cette rue a été ouverte en 1795, sur l’emplacement de l’Hôtel de Richelieu, appartenant alors au citoyen Chéradame. Un arrêté de la commission des travaux publics du 7 vendémiaire an III, autorisa ce percement, dont la largeur fut fixée à 30 pieds. — Une ordonnance royale du 16 avril 1831, a maintenu cette largeur. Les constructions riveraines sont alignées. — Égout entre les rues d’Antin et Louis-le-Grand. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).

Le nom de Port-Mahon, assigné à cette voie publique, rappelle la prise de Port-Mahon, en 1756, par le duc de Richelieu. (Voyez rue d’Hanovre.)

Postes (administration des).

Située dans la rue Jean-Jacques-Rousseau, no 7. — 3e arrondissement, quartier Saint-Eustache.
§ ler. — De l’Hôtel des Postes.

L’hôtel aujourd’hui occupé par l’administration des Postes n’était, vers la fin du XVe siècle, qu’une grande maison ayant pour enseigne l’Image Saint-Jacques. Elle appartenait alors à Jacques Rebours, procureur de la ville. Jean-Louis Nogaret de la Valette, duc d’Épernon, l’acheta et la fit rebâtir. Elle fut vendue par Bernard de Nogaret, son fils, à Barthélemy d’Hervart, contrôleur général des finances, qui la reconstruisit presque en entier et n’épargna rien pour en faire une habitation magnifique. Cet hôtel passa ensuite à M. Fleuriau d’Armenonville, secrétaire d’état et garde des sceaux. Il appartenait au comte de Morville, ministre et secrétaire d’état aux affaires étrangères, lorsque le roi en ordonna l’acquisition en 1757, à l’effet d’y placer le bureau des Postes.

§ II. — Historique des Postes.

On ne trouve aucune trace de l’institution des Postes durant les siècles de barbarie qui suivent la chute de l’empire romain. C’est à Charlemagne qu’appartient, en France, l’honneur de s’être occupé le premier de leur organisation. Cette haute et merveilleuse intelligence devina les services qu’elles pouvaient rendre en rattachant à un centre commun les diverses provinces de son vaste empire. Il répara les voies militaires dont les Romains avaient sillonné la Gaule, et institua peu de temps a près des courriers qui s’appelèrent veredarii ou cursores.

De Charlemagne à Louis XI on ne put se procurer de nouvelles des provinces que par l’entremise des messagers, que l’Université avait seule le droit d’envoyer dans les principales villes du royaume. L’esprit vif et pénétrant de Louis XI devina bientôt tout le parti qu’on devait tirer de cette institution. Le 19 juin 1464, parut un édit dans lequel sa majesté expose : « Qu’ayant mis en délibération avec les seigneurs du conseil, qu’il est moult nécessaire et important à ses affaires et à son état de sçavoir diligemment nouvelles de tous côtez, et y faire quand bon lui semblera, sçavoir des sciennes, d’instituer et d’establir en toutes les villes, bourgs, bourgades et lieux que besoin sera jugé plus commodes, un nombre de chevaux courants de traite en traite, par le moyen desquels ses commandements puissent être promptement exécutez, et qu’il puisse avoir nouvelles de ses voisins quand il voudra, etc… Ma volonté et plaisir est que dès à présent et d’ores en avant, il soit mis et establi spécialement sur les grands chemins de mon dit royaume, personnes stables, et qui feront serment de bien et loyalement servir le roy, pour tenir et entretenir quatre ou cinq chevaux de légère taille, bien enharnachez, et propres à courir le galop durant le chemin de leur traite, lequel nombre on pourra augmenter, s’il en est besoin. »

Le caractère sombre et défiant de Louis XI se révèle dans cet édit dont l’article 10e est ainsi conçu : « Après avoir vu et visité par le dit commis les paquets des dits courriers, et connu qu’il n’y ait rien de contraire au service du roy, les cachètera d’un cachet qu’il aura du dit grand-maître des coureurs et puis les rendra au dit courrier avec passeport, que sa majesté veut être en la forme qui en suit : Maîtres tenants les chevaux courants du roy, depuis tel lieu jusqu’à tel autre… montez et laissez passer ce présent courrier nommé tel, qui s’en ça en tel lieu, avec sa guide et malle en laquelle sont… le nombre de tant de paquets de lettres cachetées du cachet de notre grand-maître des coureurs de France, lesquelles lettres ont été par moy vues et n’y ai rien trouvé qui préjudicie au roy notre sire ; au moyen de quoy ne lui donnez aucun empêchement, ne portant autres choses que… telle somme pour faire son voyage ; il sera signé du dit commis et non d’autres personnes. »

Le prix de la traite durant quatre lieues, en y comprenant celui du guide, est fixé par le même édit à la somme de dix sols. De grandes améliorations furent successivement introduites dans le service des Postes. Charles VIII mit la France en correspondance réglée avec plusieurs états voisins, notamment avec l’Italie.