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construite sur le boulevart Saint-Martin, sous la direction de Lenoir, architecte. Elle fut ouverte au public le 27 octobre de la même année, par une représentation gratuite, en réjouissance de la naissance du dauphin ; on y joua pour la première fois Adèle de Ponthieu, opéra en trois actes, paroles de Saint-Marc, musique de Piccini. Après le spectacle, on donna un bal, et les quadrilles furent exécutés par les dames de la halle, les forts et les charbonniers.

La révolution n’épargna pas l’Académie de Musique. Son nom lui fut enlevé, puis remplacé par celui d’Opéra. Presque toutes les anciennes actrices quittèrent le théâtre. Quelques unes tâchèrent de faire oublier leur ancienne intimité avec la noblesse, en allant vivre obscures et isolées dans un coin de la province, loin de leurs anciens amis de cour que l’ouragan révolutionnaire avait dispersés. Sophie Arnould avait fait l’acquisition du couvent de Saint-François, à Luzarches, et, malgré cette preuve de civisme, la célèbre danseuse avait été dénoncée comme suspecte. Les membres du comité de surveillance de l’endroit envahirent sa retraite pour procéder à une visite domiciliaire. Sophie Arnould les reçut en souriant : « Mes amis, leur dit-elle, je suis bonne citoyenne, j’ai fait partie de l’Opéra pendant quinze années, et je connais par cœur les droits de l’homme. »

En 1794, l’Opéra quitta le boulevart, et fut installé dans le théâtre que la demoiselle Montansier avait fait construire dans la rue de Richelieu, en face de la Bibliothèque Royale. L’inauguration eut lieu par une pièce mêlée de chants et de danses, intitulée la Réunion du 10 août. Ce fut à cette représentation qu’on vit pour la première fois le parterre garni de banquettes.

Un décret du 8 novembre 1807 détermina le règlement de l’Opéra qui prit le titre d’Académie impériale de Musique. L’établissement fut administré pour le compte du gouvernement. Le directeur était nommé par l’Empereur, sur la présentation de son premier chambellan.

La musique et la danse trônèrent dans la rue de Richelieu pendant vingt-quatre années. Après la mort du duc de Berri, assassiné le 13 février 1820, par Louvel, au moment où le prince, quittant le théâtre, reconduisait la duchesse à sa voiture, la salle fut immédiatement fermée, puis démolie. On s’occupa d’en reconstruire une autre sur l’emplacement de l’hôtel de Choiseul. Commencés au mois d’août, les travaux furent terminés en août 1821 sous la direction de M. Debret, architecte.

Ce théâtre est sans contredit le premier de l’Europe, tant par la splendeur du spectacle que par la réunion des grands talents qui concourent à son exécution. Depuis 1830, l’Opéra est conduit par un directeur auquel on accorde une subvention. Ce directeur gère à ses risques et périls, et fournit un cautionnement de 300 000 fr. Les actes de son administration sont soumis au contrôle d’une commission nommée par le roi, et qui ressort du ministère de l’intérieur.

L’Opéra contient 1 950 personnes ; le prix des places en 1844 est fixé ainsi qu’il suit : 1res loges de face et d’avant-scène, et baignoires d’avant-scène, 9 fr. ; orchestre, balcon des 1res, 2mes de face et d’avant-scène, galeries des 1res, amphithéâtre des 1res, 7 fr. 50 c. ; 1res loges de côté, baignoires de côté, 6 fr. ; 2mes loges de côté, 3mes loges de face, 5 fr. ; 3mes loges de côté et d’avant-scène, 4mes loges de face, 3 fr. 50 c. ; parterre, 4 fr. ; 4mes loges de côté, 5mes loges de face, amphithéâtre des 4mes, 2 fr. 50 c.

Myron (rue François-).

Commence à la rue de Lobau, nos 4 et 6 ; finit aux rues du Pourtour-Saint-Gervais, no 1, et Jacques-de-Brosse, no 13. Le dernier impair est 17 ; le dernier pair, 14. Sa longueur est de 67 m. — 9e arrondissement, quartier de l’Hôtel-de-Ville.

C’était autrefois la rue du Monceau-Saint-Gervais, en raison de sa direction vers l’église Saint-Gervais, bâtie sur une petite éminence qu’on appelait anciennement Monceau. Ce monceau (moncellum) était un fief qualifié dont il est fait mention sous Louis-le-Jeune, en 1141. Au XIIIe siècle, c’était la rue entre Saint-Gervais et Saint-Jean. On l’appela ensuite rue du Cimetière (elle était alors confondue avec celle du Pourtour). En vertu d’un arrêt du conseil d’État du 31 mars 1674, la rue du Monceau fut élargie. — Une décision ministérielle du 13 thermidor an V, signée François de Neufchâteau, fixa la moindre largeur de cette voie publique à 10 m. Conformément à une ordonnance royale du 4 mars 1836, cette largeur est portée à 26 m. — « Paris, le 22 décembre 1838. — Monsieur le préfet, sa majesté a approuvé, ainsi que vous l’aviez proposé, que la rue du Monceau-Saint-Gervais portât le nom de François-Myron, célèbre prévôt des marchands sous Henri IV, etc. » (Extrait d’une lettre du ministre de l’intérieur). — Conformément à un arrêté préfectoral du 7 septembre 1843, une enquête a été ouverte sur le projet d’élargissement immédiat de cette rue. — Éclairage au gaz (compe Parisienne).

Mai et Juin 1844.
Séparateur


N.


Napoléon (quai).

Commence à la rue Bossuet et au pont de la Cité ; finit à la rue du Haut-Moulin, no 10, et au pont Notre-Dame. Le dernier numéro est 33. Sa longueur est de 428 m. — 9e arrondissement, quartier de la Cité.

« 22 avril 1769. — Il sera ouvert un nouveau quai