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l’établissement d’un Musée National, et fixa son ouverture au 10 août suivant ; 537 tableaux des plus grands maîtres furent exposés dans une des galeries du Louvre.

Sous le consulat et l’empire, cette collection précieuse s’augmenta d’un grand nombre d’ouvrages conquis sur l’ennemi et présentait, en 1814, un total de 1 224 tableaux.

Les désastres de 1815 nous obligèrent à restituer une partie de ces richesses. Néanmoins cette collection est encore unique dans le monde entier. Le Musée du Louvre ne renferme que les ouvrages des artistes morts.

Dans la grande galerie méridionale de ce palais a lieu tous les ans l’exposition des tableaux. En 1740, le directeur-général des bâtiments reçut du roi l’ordre de faire exposer les ouvrages exécutés dans le courant de l’année par les membres de l’académie de peinture et de sculpture. Ce monopole fut détruit par la révolution. Un décret du 21 août 1791 autorisa tous les artistes français et étrangers à prendre part aux expositions.

Le palais du Louvre contient plusieurs autres musées ; celui des Dessins, formé en 1797 ; le Musée des Antiques ou des Sculptures, ouvert le 9 novembre 1800 ; le Musée des Antiquités Égyptiennes et Romaines, fondé en 1827 ; le Musée Naval ; le Musée du Moyen-âge et de la Renaissance ; enfin le Musée Espagnol ; ces trois établissements formés depuis 1830, par sa majesté Louis-Philippe.

musée du luxembourg.

Marie de Médicis commença cette précieuse collection qui fut transférée au Louvre en 1780. Napoléon la fit replacer au Luxembourg en 1805, et l’augmenta d’un grand nombre de tableaux. Louis XVIII ordonna qu’on transportât au Louvre les productions de Lesueur, de Vernet et d’autres grands-maîtres, et les fit remplacer par des ouvrages d’artistes vivants.

Ce Musée, qui occupe une partie des deux ailes septentrionales du palais du Luxembourg, a été rendu public en 1818, et il est en général destiné à l’exposition des tableaux des peintres modernes, lorsque ces ouvrages ont été acquis par le gouvernement.

musée des thermes et de l’hôtel de cluny.
Situé dans la rue des Mathurins-Saint-Jacques. — 11e arrondissement, quartier de la Sorbonne.

La dispersion des monuments rassemblés par Alexandre Lenoir dans l’ancien couvent des Petits-Augustins, excitait depuis longtemps de profonds regrets. Les amis de nos antiquités nationales souhaitaient que le gouvernement fit choix d’un local destiné à recueillir toutes les œuvres de sculpture, tous les débris historiques, tous les fragments du moyen-âge que d’heureux hasards pouvaient faire découvrir ou que de pieuses intentions pouvaient léguer aux générations futures.

Ce désir vient d’être exaucé. Le gouvernement a fait l’acquisition de l’hôtel de Cluny, et la ville de Paris abandonne à l’État la propriété du palais des Thermes. Ces deux monuments réunis viennent de recevoir un Musée archéologique, dont le noyau provient de la collection formée par feu Du Sommerard.

Avant de parler des objets curieux que renferme ce Musée, il n’est pas inutile de rappeler l’origine des deux édifices dont le gouvernement vient de faire l’acquisition.

Palais des Thermes.

Ce curieux débris d’un vaste monument élevé pendant la période romaine, conserve encore aujourd’hui le nom de Palais des Thermes.

À Rome on donnait cette dénomination à des établissements destinés à des bains chauds ; mais par la suite, ces édifices devinrent des palais où séjournaient les empereurs.

On attribue la fondation du palais des Thermes à Constance Chlore, qui durant quatorze années de règne paisible, de 292 à 306, gouverna les Gaules. Les bâtiments et les cours qui dépendaient de cet édifice, se prolongeaient du côté du sud jusqu’à la Sorbonne ; au-delà et du même côté, se trouvait la place d’Armes (campus), où Julien fut proclamé empereur. En cet endroit passait la voie romaine qui partait d’Orléans ; cette voie conduisait à deux points différents : au palais, par les arènes et les cours ; à l’île de la Cité en se dirigeant par une route qui existait anciennement entre les églises de la Sorbonne et de Saint-Benoît, et aboutissait au petit Pont ; au nord, les bâtiments de ce palais se prolongeaient jusqu’à la rive gauche du petit bras de la Seine.

De tout cet immense édifice il ne reste qu’une salle qui offre dans son plan deux parallélogrammes contigus formant une seule pièce. Le plus grand a 20 m. environ de longueur sur 14 de largeur ; le plus petit a 10 m. sur 6 m. Les voûtes sont à arêtes et à plein cintre et s’élèvent à 14 m. au-dessus du sol.

Ces voûtes ont été si bien construites, qu’elles ont résisté à l’action de quinze siècles. L’architecture de cette salle est simple et majestueuse. Les arêtes des murs en descendant se rapprochent et s’appuient sur une console qui représente la poupe d’un vaisseau. Cette poupe, symbole des eaux, servait à caractériser un édifice destiné à des bains.

La propriété du palais des Thermes appartenait en 1781 à l’ordre de Cluny. Par bail passé devant Mes Bro et Trutat, notaires au Châtelet de Paris, les 27 janvier et 6 mai de la même année, le cardinal de La Rochefoucauld, alors abbé de Cluny, loua pour 99 années à titre d’emphytéose au sieur Jean-Laurent Falaise, maître tonnelier, et à Marguerite Perrel son épouse, le palais des Thermes et ses dépendances, moyennant 1800 livres tournois de redevance emphytéotique, payables aux quatre termes ordinaires de l’année.

En 1790, cet édifice devint propriété nationale et fut