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avait livré aux Anglais plusieurs combats glorieux, revenait pour la troisième fois du Canada en Europe, lorsqu’elle tomba pendant la huit au milieu de l’escadre de l’amiral Anson. Le commandant anglais détache aussitôt contre elle une frégate de 36 canons. La Renommée la démâte et l’oblige de se retirer. Une deuxième frégate entre aussitôt en lice, elle éprouve le même sort ; l’amiral Anson envoie alors un vaisseau de 70, qui couvre la Renommée de mitraille. Le capitaine Kersaint tombe grièvement blessé. Croyant avoir assez combattu pour l’honneur de son pavillon, il fait appeler ses officiers et leur propose de se rendre. « Est-ce pour cela que vous m’avez fait venir ? demande La Motte-Picquet ; en ce cas je retourne à mon poste. » Il prend le commandement de la frégate et l’action recommence plus terrible encore. La mitraille lui déchire la joue, un boulet de canon lui enlève son chapeau ; l’intrépide marin conserve son sang-froid au milieu de l’ouragan de fer, et manœuvre avec tant de précision et d’habileté qu’il parvient à gagner le Fort-Louis en tenant tête à l’ennemi.

Au commencement de la guerre d’Amérique, nous retrouvons La Motte-Picquet chef d’escadre. Au combat d’Ouessant, en 1778, il montait le Saint-Esprit, et combattit sans désavantage contre des forces supérieures. Ensuite il alla croiser sur les côtes d’Angleterre avec dix vaisseaux ; un mois après l’intrépide marin rentrait à Brest conduisant treize prises faites sur l’ennemi. En 1779, La Motte-Picquet rejoignit le comte d’Estaing et contribua par sa valeur à la prise de la Grenade, ainsi qu’à la victoire remportée à la fin de juin sur le vice-amiral Byron. L’Annibal serre-file de la ligne Française eut beaucoup à souffrir dans ce combat.

La Motte-Picquet fut ensuite chargé d’effectuer avec une escadre de sept vaisseaux le débarquement des troupes qui attaquèrent Savannah. Le siège ayant été levé, il fit voile avec trois vaisseaux seulement pour la Martinique. La Motte-Picquet y faisait réparer ses bâtiments, lorsque le 18 décembre les signaux de la côte annoncèrent qu’un convoi de vingt-six voiles françaises, escorté par une frégate, était poursuivi par une flotte anglaise de quinze vaisseaux. L’officier que La Motte avait envoyé au marquis de Bouillé, gouverneur de la Martinique, pour lui en donner avis, n’eut que le temps de revenir pour s’embarquer. Déjà les voiles de l’Annibal était enverguées, les câbles coupés ; La Motte se porta seul en avant pour attaquer la tête de l’escadre ennemie. Le Vengeur et le Réfléchi ayant embarqué avec une promptitude inespérée les munitions dont ils étaient dépourvus, vinrent joindre l’Annibal qui se défendait comme un lion. La lutte dura quatre heures ; enfin l’amiral anglais fit signe de ralliement à ses vaisseaux, et La Motte-Picquet rentra au Fort-Royal avec la plus grande partie du convoi. Le lendemain l’amiral anglais Parker écrivit à La Motte-Picquet pour le complimenter sur sa brillante valeur. La Motte-Picquet fut fait cordon rouge en 1780, à l’occasion de ce brillant combat du Fort-Royal, et lieutenant général en 1782. Nommé grand’croix en 1784, il mourut à Brest le 11 juin 1791.

Mouffetard (caserne).

Située dans la rue Mouffetard, no 61. — 12e arrondissement, quartier du Jardin-du-Roi.

Cette caserne a été construite en 1824, sur l’emplacement de l’ancienne communauté des religieuses hospitalières de la Miséricorde de Jésus, dites de Saint-Julien et de Sainte-Basilisse. Ce couvent fut fondé d’abord à Gentilly, en 1652, par Jacques le Prévost d’Herbelai, maître des requêtes, qui assura aux Hospitalières, chargées de donner des soins aux filles et femmes malades, une rente de 1 500 livres. Ces religieuses vinrent s’établir, en 1653, dans la rue Mouffetard. La maison qu’elles occupaient fut réparée en 1710. Cette communauté religieuse a été supprimée en 1790. Les bâtiments ont été en grande partie démolis, et de 1824 à 1830, on construisit sur leur emplacement une caserne de gendarmerie, qui fut vendue le 26 mars 1840, par l’administration des hospices à la ville de Paris, moyennant 154 366 francs. Cette caserne est aujourd’hui occupée par un détachement de la garde municipale.

Mouffetard (rue).

Commence aux rues des Fossés-Saint-Victor, no 41, et Fourcy, no 1 ; finit au boulevart de l’Hôpital et à la place de la barrière d’Italie. Le dernier impair est 329 ; le dernier pair, 304. Sa longueur est de 1 540 m. — 12e arrondissement, de 1 à 89, quartier du Jardin-du-Roi ; de 2 à 14, quartier Saint-Jacques ; de 16 à 154, quartier de l’Observatoire ; de 91 à la fin et de 156 à la fin, quartier Saint-Marcel.

Ce n’était au XIIIe siècle qu’un chemin qui traversait un territoire appelé dans les titres de cette époque, Mons Cetarius et Mons Cetardus. L’abbé Lebœuf en a conclu avec raison que le nom de Mont-Cétard a été changé en celui de Mouffetard. Elle a été aussi nommée au commencement du XVIIe siècle rue Saint-Marcel, Grande rue Saint-Marcel et Vieille rue Saint-Marcel. La partie comprise entre la rue Croulebarbe et la barrière, s’appelait au XVIIIe siècle rue Gautier-Renaud, du nom d’un propriétaire qui y demeurait. — Une décision ministérielle du 15 floréal an V, signée Benezech, fixa la moindre largeur de cette voie publique à 10 m. Cette moindre largeur a été portée à 12 m., en vertu d’une ordonnance royale du 8 juillet 1839. Les constructions ci-après ne sont pas soumises à retranchement : La caserne de la garde municipale, les nos 65, 177, 179, 255, 307, 309, 315, 321, 323, 325, 327 et 329 ; 62, 140, encoignure droite de la rue Pascal, 158, 166, 168, 178 ; 180, 266, 268, l’entrée des Gobelins, 272, 274, 278, 286, 288, 292, et les constructions situées entre la rue du Petit-Gentilly et la place de la barrière d’Italie. — Égout : 1o entre les rues de l’Arbalète et Censier ; 2o entre les rues du Fer-à-Moulin et du Petit-