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acquerront pour nous et en notre nom les maisons particulières, situées même quai de Conti, attenantes le petit hôtel de Conti, jusques et compris celle faisant l’encoignure de la rue Guénégaud, dont le terrain est nécessaire à la construction du dit nouvel Hôtel des Monnaies ; les propriétaires desquelles maisons ne pourront se dispenser de les vendre, etc… — Données à Versailles, le 16e avril l’an de grâce 1768, et de notre règne le 53e. Signé Louis. »

Ce monument remarquable par ses nobles proportions, a été construit sous la direction de Jacques-Denis Antoine, architecte. Le principal corps de l’édifice, dont la façade se développe sur le quai de Conti, renferme : un magnifique vestibule orné de vingt-quatre colonnes doriques ; un bel escalier que décorent également seize colonnes ioniques ; un vaste cabinet de minéralogie richement ordonné ; plusieurs pièces où sont placées des machines ; des salles pour l’administration, accompagnées de grands logements.

Au fond de la grande cour est située la salle du monnayage. Elle a 20 m. de longueur sur 13 m. environ de largeur. L’architecte a pris soin de l’isoler afin d’éviter aux autres bâtiments les effets de l’ébranlement produit par le jeu des balanciers. Au dessous on trouve la salle des ajusteurs ; le surplus des constructions est employé aux fonderies, aux laminoirs, etc…

La décoration de la façade principale, percée de vingt-sept fenêtres, consiste en un avant-corps de six colonnes ioniques, élevées sur un soubassement de cinq arcades, ornées de refends en bossages. Un grand entablement avec consoles et modillons, couronne l’édifice dans toute sa longueur. Au-dessus de l’avant-corps est un attique au-devant duquel ont été placées six statues : la Loi, la Prudence, la Force, le Commerce, l’Abondance et la Paix.

La seconde façade, sur la rue Guénégaud, a son soubassement enrichi de bossages. L’avant-corps du milieu est orné de quatre statues représentant les quatre éléments. La cour principale, entourée d’une galerie, a 36 m. de profondeur sur 30 de largeur. La salle des balanciers s’annonce par un péristyle de quatre colonnes doriques. La voûte intérieure s’appuie sur quatre colonnes dont le style se rapproche de l’ordre toscan. Au fond de celle-ci s’élève une statue de la Fortune.

Le cabinet de minéralogie qui occupe l’avant-corps du milieu, au premier étage, est décoré de vingt colonnes corinthiennes d’un grand module, qui supportent une tribune régnant au pourtour, dans la hauteur du deuxième étage. Ce cabinet est orné de bas-reliefs et d’arabesques. Les corniches, les chambranles des portes et des croisées sont enrichis d’ornements dorés dont les sculptures sont distribuées avec un goût dont la délicatesse est pleine d’harmonie et de pureté.

On a placé en 1839, sur le palier de l’escalier d’honneur de l’hôtel des Monnaies, le buste en bronze de l’architecte Antoine. C’est un juste hommage rendu à la mémoire d’un homme qui de simple maçon, est devenu l’égal des plus grands artistes du XVIIIe siècle.

Monsieur (rue).

Commence à la rue de Babylone, nos 39 et 41 ; finit à la rue Plumet, nos 12 et 14. Le dernier impair est 17 ; le dernier pair, 14. Sa longueur est de 204 m. — 10e arrondissement, quartier Saint-Thomas-d’Aquin.

« Notre très cher et très amé frère, Louis-Stanislas-Xavier, comte de Provence, Monsieur, nous a fait exposer qu’ayant acquis un terrain considérable situé à Paris, faubourg Saint-Germain, entre les rues Plumet et de Babylone, il se proposait d’y faire construire les écuries nécessaires pour le service de sa personne et de sa maison, mais que ce projet qui l’intéresse essentiellement, ne pouvait avoir lieu qu’en formant sur ce terrain une nouvelle rue, qui communiquerait par un bout à la dite rue Plumet, et par l’autre à la d. rue de Babylone ; permettons et autorisons ce qui suit : Il sera formé et ouvert une nouvelle rue sous le nom de Monsieur, sur le terrain ci-devant en marais, situé au faubourg Saint-Germain à Paris, entre les rues Plumet et de Babylone, aboutissant au rempart, laquelle aura trente pieds de largeur. Donné à Versailles, le 7e jour du mois de novembre, l’an de grâce 1778, et de notre règne le 5e. Signé Louis. » — Ces lettres-patentes furent exécutées en août 1779. Pendant quelques années cette rue porta le nom de Fréjus, qui est celui d’un port du département du Var, où Napoléon débarqua le 9 octobre 1799, en revenant d’Égypte. — Une décision ministérielle du 7 août 1810, signée Montalivet, a maintenu la largeur primitive. En vertu d’un arrêté préfectoral du 27 avril 1814, cette voie publique a repris la dénomination de rue Monsieur. Les constructions riveraines sont alignées.

Louis-Stanislas-Xavier, comte de Provence, Monsieur, naquit à Versailles le 17 novembre 1755, régna sous le nom de Louis XVIII, et mourut le 16 septembre 1824.

Monsieur-le-Prince (rue).

Commence au carrefour de l’Odéon, nos 15 et 17, et à la rue de l’Odéon ; finit aux rues des Francs-Bourgeois, no  1, et de Vaugirard, no  2. Le dernier impair est 55 ; le dernier pair, 36. Sa longueur est de 363 m. — 11e arrondissement, quartier de l’École-de-Médecine.

On commença vers 1315 à bâtir sur cette partie de l’ancien Clos-Bruneau. L’une des voies principales prit le nom des Fossés, parce qu’elle fut alignée sur les fossés qu’on venait de combler. On la nomma ensuite des Fossés-Monsieur-le-Prince, parce que l’hôtel du prince de Condé s’étendait jusqu’à cette voie publique. En 1793, elle reçut le nom de rue de la Liberté. Depuis 1806, on la désigne sous la dénomination de rue Monsieur-le-Prince. — Une décision ministérielle à la date du 4 nivôse an IX, signée Chaptal, fixa la largeur de cette rue à 10 m. En vertu d’une ordonnance royale du