du chapitre provincial tenu le 7 juillet 1779, ces religieux
exprimèrent le désir de transférer leur établissement
dans le quartier de la Chaussée-d’Antin. Le roi
accueillit favorablement leur demande. Deux arrêts du
conseil des 6 août 1779 et 18 février 1780, prescrivirent
l’acquisition de terrains considérables situés dans
ce nouveau quartier, afin d’y faire construire les bâtiments
nécessaires, ainsi qu’une église et deux nouvelles
rues. (Voyez rues Joubert et Sainte-Croix.) En 1782,
les constructions étant terminées, des lettres-patentes
du mois de novembre de la même année autorisèrent
les Capucins à prendre possession de leur nouvel
établissement, et prescrivirent la vente des bâtiments
qu’ils abandonnaient. Pour faciliter cette aliénation,
d’autres lettres-patentes du 7 décembre 1783,
confirmées le 23 octobre 1785, ordonnèrent la formation
de quatre rues sur cet emplacement. Toutefois,
ce projet ne fut pas exécuté ; car un édit donné
à Versailles au mois de janvier 1785, avait arrêté
la disposition suivante : « Voulons qu’il soit incessamment
formé dans un des faubourgs de notre bonne
ville de Paris, un établissement gratuit et public,
dans lequel seront traités gratuitement les pauvres de
tout âge, de l’un et de l’autre sexes, attaqués du mal
vénérien, et qui sont présentement admis et traités
tant en la maison de Bicêtre qu’en l’hospice de Vaugirard
et que le dit hospice soit réuni au dit établissement,
nous réservant de donner tels règlements
que nous estimerons convenables pour le régime
et l’administration intérieure du dit hospice, lesquels
réglements nous adresserons à notre parlement,
etc… » — En 1785, on jeta les yeux sur l’ancien
couvent des Capucins, dont les bâtiments furent
convenablement disposés pour leur nouvelle destination.
Diverses circonstances empêchèrent l’exécution
immédiate de ce projet qui fut repris par l’Assemblée
Nationale, et les vénériens furent transférés, le 12 mars
1792, dans l’emplacement autrefois occupé par les Capucins.
L’hospice du Midi, dont les règlements primitifs
ont subi d’importantes modifications, contient 650
lits, et reçoit annuellement près de 4,000 malades.
Depuis 1836, il est spécialement affecté aux hommes.
En 1812, la mortalité a été de 1 sur 65/38. La dépense
s’est élevée à 167,597 fr. 22 c.
Nous ne terminerons pas cet article sans emprunter quelques détails à l’excellent ouvrage de Parent Duchâtelet (de la Prostitution, Paris, 1836). — L’existence de la maladie vénérienne fut constatée, à Paris, d’une manière officielle, le 6 mars 1497. On en trouve la preuve dans un arrêt du parlement qui ordonne à tous les étrangers atteints de la grosse v… de retourner dans leur pays, aux habitants aisés de ne pas sortir de leurs maisons et aux habitants pauvres de se retirer dans les bâtiments qu’on allait construire pour les recevoir. Ceux qui ne se conformèrent pas à cette prescription furent punis de la potence. Cet établissement, fondé dans le faubourg Saint-Germain, devint bientôt insuffisant. En 1498, le prévôt de Paris renouvela l’ordonnance du parlement dont il diminua la sévérité. Il se contenta de menacer les délinquants d’être jetés à la rivière ; toutefois on venait de se convaincre que cette maladie se communiquait par un contact immédiat, et non par l’intermédiaire de l’air. On ne commença à sentir la nécessité de soigner les malades que vers l’année 1505. Plusieurs arrêts du parlement rendus à ce sujet ne furent point exécutés. En 1535, on nomma des commissaires afin de trouver un local destiné au traitement des hommes attaqués du gros mal. Plusieurs emplacements furent proposés, on choisit un petit hôpital dépendant de la paroisse Saint-Eustache ; une gestion inhabile força les malades à quitter cet hôpital ; ils s’introduisirent furtivement à l’Hôtel-Dieu. Cet abus toléré pendant quelque temps, excita l’indignation du parlement qui fit assembler les prévôt des marchands et échevins, ainsi que les curés de Paris, afin d’aviser aux moyens de réprimer des inconvénients aussi graves. Il fut alors décidé que tous les malades se rendraient dans une maison de la rue de Lourcine. — Une mesure barbare qui fut en vigueur jusqu’en 1700, était employée à l’égard de ces malheureux ; avant et après leur traitement, ils étaient châtiés et fustigés très rigoureusement. À la fin du XVIIIe siècle, on relégua dans une partie de l’hôpital de la Salpétrière, les prostituées atteintes du mal vénérien, et peu de temps après elles furent transférées à Bicêtre. On y admit aussi les hommes. En 1730, on comptait à Bicêtre 400 malades attaqués de syphilis ; ils occupaient un local très étroit, peu aéré et sale. Les malades s’y trouvaient dans le plus triste état ; ceux qui attendaient leur tour étaient couverts d’ulcères. Maréchal, premier chirurgien de Louis XV, visita Bicêtre et en fit un rapport qui contenait des détails effrayants. Aucun remède ne fut apporté à cette situation. En 1784, M. de Breteuil, ministre de l’intérieur, visita également cet hospice. Il fut indigné de l’état affreux dans lequel se trouvaient les vénériens à Bicêtre. Laissons parler M. Cullerier. « Le nombre des malades, comparé à l’étendue des salles, est à peine croyable. On serait tenté de révoquer en doute la possibilité de vivre avec de l’air en aussi petite quantité et d’une qualité si préjudiciable à la santé, si le fait n’était pas aussi notoire. Dans les salles d’expectants, la moitié des malades se couchaient depuis huit heures du soir jusqu’à une heure après minuit, et les autres depuis ce moment jusqu’à sept heures du matin. Il n’y avait qu’un lit pour huit malades, etc. » — Ce rapport fit une vive impression sur le cœur de Louis XVI, qui s’empressa d’ordonner la fondation d’un hospice spécial. Cette disposition ne fut point immédiatement exécutée ; mais dès cette époque on introduisit de sensibles améliorations dans le traitement des malades ; aujourd’hui l’on trouve dans l’Hôpital du Midi tous les soulagements que réclame l’humanité souffrante.