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nécessaire pour les jetons de présence de quarante membres et les appointements d’un secrétaire perpétuel. Il fonda en outre sept prix. Houstel, ancien directeur de l’Académie, créa ensuite huit prix pour les jeunes gens de l’école pratique de chirurgie. Quatorze professeurs donnaient des leçons de physiologie, de pathologie, d’hygiène, d’anatomie, de maladie d’yeux et d’accouchement. Louis XVI nomma un professeur pour la chimie.

Académie de Médecine. — C’est une institution fondée le 20 décembre 1820 par le roi Louis XVIII. Cette Académie est spécialement établie pour répondre aux demandes du gouvernement sur tout ce qui peut intéresser la santé publique, et principalement sur les épidémies, les maladies particulières à certaines contrées, les épizooties, les différents cas de médecine légale, la propagation de la vaccine, l’examen des remèdes nouveaux. Elle est en outre chargée de continuer les travaux de la Société royale de Médecine et de l’Académie royale de Chirurgie ; elle s’occupe de tous les objets qui peuvent faciliter les progrès des différentes branches de l’art de guérir. Elle se compose de soixante-quinze académiciens titulaires, soixante honoraires, trente associés libres, et d’environ quatre-vingts associés ordinaires. Elle se divise en trois sections consacrées à la médecine, à la chirurgie, à la pharmacie. Les séances ont lieu le premier mardi de chaque mois.

Faculté de Médecine. — La Faculté de Médecine, constituée au moment de la réorganisation universitaire, avait été supprimée en 1822 par ordonnance du roi. Rétablie quelque temps après, une nouvelle ordonnance royale du 2 février 1823 la réforma. La Faculté de Médecine se compose de vingt-trois professeurs, chargés des diverses parties de l’enseignement, de trente-six agrégés dont un tiers en stage et deux tiers en exercice, et d’un nombre indéterminé d’agrégés libres. Les agrégés en exercice sont appelés à suppléer les professeurs. Le grade d’agrégés n’est conféré qu’à des docteurs en médecine et en chirurgie, âgés de 25 ans au moins. Le doyen est chef de la Faculté. Les chaires de la Faculté sont divisées ainsi qu’il suit : 1o anatomie, 2o physiologie, 3o chimie médicale, 4o physique médicale, 5o histoire naturelle médicale, 6o pharmacologie, 7o hygiène, 8o pathologie médicale, 9o opérations et appareils, 10o thérapeutique et matière médicale, 11o médecine légale, 12o accouchements, maladies des femmes en couche et des enfants nouveau-nés. Deux professeurs sont attachés à la chaire de pathologie chirurgicale, deux à la chaire de pathologie médicale, et un seul à chacune des autres. Indépendamment des cours que nous venons de nommer, quatre professeurs sont chargés de la clinique médicale et un de la clinique des accouchements.

Hôpital et Clinique de la Faculté de Médecine. — Cet établissement a été formé sur une partie de l’emplacement de l’ancien couvent des Cordeliers. Son entrée, qui a remplacé la fontaine en cascade, se trouve en face du portique de l’École de Médecine. Le péristyle est décoré d’une statue d’Esculape. L’intérieur de cet hôpital présente, au rez-de-chaussée, quatre galeries au milieu desquelles se trouve un jardin. Les salles renferment cent quarante lits ; soixante-dix pour les hommes, autant pour les femmes. Les élèves peuvent acquérir, en fréquentant assidûment cet hôpital, une excellente instruction pratique. Plusieurs pavillons sont affectés aux travaux anatomiques. On a aussi construit plusieurs amphithéâtres pour les cours particuliers.

Médecine (place de l’École-de-).

Située au-devant de l’École de Médecine. Le dernier impair est 3 ; le dernier pair, 6. — 11e arrondissement, quartier de l’École-de-Médecine.

Cette place a été formée au commencement de notre siècle, lors de la démolition d’une partie de l’église du couvent des Cordeliers, dont nous traçons ici l’origine. Cet ordre religieux fut institué en 1208, par saint François d’Assise. Ces moines avaient pris d’abord le nom de Prédicateurs de la Pénitence, mais leur instituteur voulut, par humilité, qu’ils s’appelassent Frères mineurs. Plus tard, on les désigna sous le nom de Cordeliers, parce qu’à l’exemple de leur patron, ils portaient une corde en guise de ceinture. Ils arrivèrent à Paris en 1217, et parvinrent à obtenir de l’abbaye Saint=Germain-des-Prés un modeste emplacement, sous la condition expresse qu’ils n’auraient ni cloches, ni cimetière, ni autel consacré. Ces religieux passèrent plusieurs années dans cet état assujettissant ; ils s’adressèrent à saint Louis qui détermina l’abbé de Saint-Germain-des-Prés à se montrer moins rigoureux. Louis IX fournit également aux frais de la construction de leur église en leur accordant une partie de l’amende de dix mille livres, à laquelle avait été condamné Enguerrand de Coucy, pour avoir fait pendre, sans autre forme de procès, trois jeunes gens qui avaient chassé sur ses terres. Le pieux monarque leur permit, en outre, de couper dans ses forêts tous les bois nécessaires à la charpente de cette église, qui fut dédiée, en 1262, sous le nom de Sainte-Madeleine. En 1580, l’église des Cordeliers devint la proie des flammes. Un novice, étourdi par le vin, s’endormit dans une stalle du chœur, laissant à ses côtés un cierge allumé ; le feu atteignit la boiserie du jubé qui s’enflamma ; en moins de trois heures l’édifice fut réduit en cendres. Le feu calcina les marbres des tombeaux, fondit les bronzes et les cloches. Henri III donna des sommes considérables pour la reconstruction de cette église. L’ordre du Saint-Esprit, nouvellement institué par ce monarque, contribua au rétablissement du reste de l’édifice. Dans la chaleur de la reconnaissance, les Cordeliers firent placer au-dessus du grand hôtel la figure de Henri III. L’ingratitude et la haine étouffèrent bientôt ce noble sentiment. Le 5 juillet 1589, les Cordeliers, enrichis par Henri III, renversèrent sa statue et lui coupèrent la tête !… — L’église