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Philippe Ier, en 1079, substitua aux chanoines les religieux de Cluny. Ce changement fit perdre à cette communauté son titre d’abbaye. Ce ne fut plus alors qu’un prieuré qui resta le second de cet ordre. L’acte de 1079, relatif ce changement, fut ratifié en 1097 par une bulle du pape Urbain II. Ces religieux étaient seigneurs dans leur enclos ; ils y avaient un bailliage et une geôle ou prison. Ce bailliage connaissait de toutes les causes civiles ou criminelles dans l’étendue de son ressort ; les appels se relevaient au parlement. Le prieur et les moines de Saint-Martin avaient aussi leur champ-clos situé dans remplacement où fut depuis le premier marché Saint-Martin.

La fureur des duels judiciaires devint si grande, que Louis-le-Jeune se vit forcé de prohiber le combat dans les contestations au-dessous de cinq sous. Cette défense n’eut pourtant aucun résultat. Plus tard Saint-Louis essaya de détruire cet usage barbare, en ordonnant que la preuve par témoins serait substituée aux combats judiciaires. Son ordonnance ne fut observée que dans les domaines royaux mais les seigneurs l’éludèrent dans leurs seigneuries parce qu’elle les privait des bénéfices qu’ils tiraient de ces luttes. Nous voyons dans Sauval que lorsqu’il y avait gages de bataille, l’amende à payer par le vaincu roturier était de 60 sous, celle du vaincu gentilhomme de 60 livres. Cette coutume a sans doute donné naissance au proverbe les vaincus paient l’amende.

Le cloître du prieuré Saint-Martin-des-Champs, commencé en 1702, fut achevé en 1720. Le marché, dont nous avons parlé, qui servit longtemps de champ-clos et qu’on voyait sur la rue Saint-Martin, fut remplacé en 1765 par un autre qui formait une place où aboutissaient plusieurs rues. Ce prieuré fut supprimé en 1790. Devenu propriété nationale, une partie des bâtiments et des terrains qui le composaient fut vendue les 3, 15 février 1791, 19 août 1796 et 14 mai 1798. Les parties conservées furent plus tard affectées aux bureaux de la mairie du 6e arrondissement, maintenant rue de Vendôme. L’église servit de conservatoire des arts et métiers. En parlant de ce dernier établissement qui occupe aujourd’hui la plus grande partie des bâtiments conservés, nous terminons l’historique du prieuré de Saint-Martin-des-Champs : Grégoire, ancien évêque de Blois, provoqua le premier, au comité d’instruction publique de la Convention Nationale, la formation d’un conservatoire des arts et métiers. Il fit à cette occasion un rapport d’après lequel ce grand pouvoir consentit à cet établissement le 19 vendémiaire an III (10 octobre 1794).

« Conseil des Cinq-Cents, séance du 26 germinal an VI. — Article Ier. Les parties de bâtiments de la ci-devant abbaye Saint-Martin-des-Champs et de terrains, indiquées par une teinte rouge-pâle dans le plan annexé à la présente résolution, sont mises à la disposition du Directoire exécutif pour placer le Conservatoire des Arts-et-Métiers etc. »

Ordonnance royale : — « Louis, etc… Le Conservatoire des Arts-et-Métiers a rendu depuis son institution d’importants services, mais pour atteindre complètement le but de sa fondation, il y a manqué jusqu’ici une haute école d’application des connaissances scientifiques au commerce et à l’industrie ;

Voulant pourvoir à ces besoins, remplir le vœu des hommes éclairés et contribuer de tout notre pouvoir aux moyens d’accroître l’industrie nationale ;

Sur le rapport de notre ministre secrétaire d’État de l’intérieur :

Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :

Il sera établi au Conservatoire des Arts-et-Métiers un enseignement public et gratuit pour l’application des sciences aux arts industriels.

Cet enseignement se composera de trois cours savoir : un cours de mécanique, un cours de chimie, appliquées aux arts et un cours d’économie industrielle.

Donné à Paris, au château des Tuileries le 25 novembre 1819, et de notre règne le 25me. Signé Louis ; par le roi le ministre secrétaire d’État de l’intérieur, signé, Decazes. »

Ordonnance royale : — « Louis-Philippe, etc… Sur le rapport de notre ministre secrétaire d’État du département du commerce et des travaux publics ;

Vu les ordonnances des 25 novembre 1819, 31 août 1828 et 9 novembre 1831, etc. — Article 1er. Il sera établi au Conservatoire des Arts-et-Métiers un enseignement public et gratuit pour l’agriculture etc.

Fait à Neuilly, le 25 août 1836.

Signé Louis-Philippe. »


Asile (passage de l’).

Commence au passage du Chemin-Vert ; finit à la rue Popincourt, no 41. Pas de numéro. — 8e arrondissement, quartier Popincourt.

Il a été percé en 1834 sur les terrains appartenant à M. Mouffle, ancien maire du 8e arrondissement. Ce passage, qui n’est pas reconnu voie publique par l’administration, doit son nom une salle d’asile pour les pauvres.


Assas (rue d’).

Commence à la rue du Cherche-Midi, nos 25 et 27 ; finit à la rue de Vaugirard, nos 72 et 72 bis. Le dernier impairs est 11 ; le dernier pair, 24. Sa longueur est de 308 m. — 11e arrondissement, quartier du Luxembourg.

Les couvents des Carmes et du Cherche-Midi, supprimés en 1790, devinrent propriétés nationales, et furent vendus les 15 brumaire et 21 thermidor an V. Les contrats de vente imposèrent aux acquéreurs l’obligation de livrer gratuitement le terrain nécessaire à deux rues projetées. Une seule fut ouverte en 1806, et reçut la dénomination de rue d’Assas, en mémoire de Nicolas, chevalier d’Assas, né au Vigan, capitaine dans le régiment d’Auvergne mort à Closter-Camp, le 16 octobre 1760, où il commandait une compagnie d’avant-garde. Étant allé au point du jour reconnaître les