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othèque. Pendant ses diverses ambassades il recueillit tout ce qu’il trouva d’intéressant, soit en monuments historiques, soit en littérature étrangère. Le comte d’Artois en fit l’acquisition en 1785 et en réserva l’usufruit au marquis de Paulmy, qui mourut peu de temps après. Cette bibliothèque fut alors déposée dans les bâtiments du grand Arsenal, et prit le nom de bibliothèque de Monsieur. En 1787 on joignit à cette collection la seconde partie de la bibliothèque du duc de La Vallière. Après la bibliothèque Royale, celle de l’Arsenal est la plus complète. Elle renferme 200 000 volumes et 10 000 manuscrits.

Ordonnance royale du 23 novembre 1830.

« Louis-Philippe, etc. Sur le compte qui nous a été rendu par notre ministre secrétaire d’État de l’intérieur ;

Voulant favoriser les recherches scientifiques dans les quatre bibliothèques de Paris ;

Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :

La bibliothèque du Roi, la bibliothèque Mazarine, celles de l’Arsenal et de Sainte-Geneviève, seront ouvertes tous les jours au public (les fêtes exceptées), depuis dix heures jusqu’à trois.

Signé Louis-Philippe. »


Arts (école des Beaux-).

Située dans la rue des Petits-Augustins, entre les nos 12 et 20. — 10e arrondissement, quartier de la Monnaie,

Le couvent des Petits-Augustins, sur l’emplacement duquel a été établie l’École des Beaux-Arts, fut fondé par Marguerite de Valois, première femme du roi Henri IV. Cette princesse, menacée de mort dans son château d’Usson en Auvergne, fit vœu, si Dieu la délivrait de ce péril, de fonder un monastère. Elle réalisa cette promesse et jeta les yeux sur les Augustins déchaussés, dont la réforme commençait à s’établir en France. Marguerite fit venir les pères François Amet et Mathieu de Sainte-Françoise, et les logea dans son hôtel de la rue de Seine. Dès l’année 1606, elle avait acheté la maison et les jardins qu’occupaient les frères de la Charité, et ce fut sur une partie de cet emplacement qu’elle fit construire la chapelle des Augustins. Mais bientôt la capricieuse Marguerite révoqua la donation qu’elle avait stipulée en faveur de ces pères, auxquels elle substitua, par contrat du 12 avril 1613, les Augustins réformés de la province de Bourges. Anne d’Autriche posa la première pierre de leur église le 15 mai 1617. Peu de temps après elle fut bénite sous le nom de Saint-Nicolas-de-Tolentin. Le 27 juin 1619, Henri d’Amboise, marquis de Bissy, posa la première pierre du cloître et des autres bâtiments de cette communauté. Ce couvent fut supprimé en 1790. On s’occupa quelque temps après de la conservation des monuments dont on avait dépouillé les édifices religieux. Une commission, composée de savants et d’artistes, fut spécialement chargée de ce soin. On choisit les bâtiments des Petits-Augustins pour recevoir les tableaux et les monuments de sculpture. Le 4 janvier 1791, Alexandre Lenoir en fut nommé conservateur. Ce savant, cet homme de bien s’exprime ainsi dans l’avant-propos de la description qu’il fit de ces monuments (7e édition, 1803): « L’on parvint, dit-il, à arrêter le bras de la sottise qui abattait les statues, déchirait les tableaux les plus précieux, et fondait les plus beaux bronzes de l’abbaye de Saint-Denis, que le feu semble avoir incendiée du sommet des voûtes jusqu’au fond des tombeaux. J’ai retiré les magnifiques mausolées de Louis XII, de François Ier, de Henri II, de Turenne, etc. O malheur ! ces chefs d’œuvre de l’art avaient déjà éprouvé la fureur des barbares. Une grande partie de ces monuments qui attestaient la gloire de la nation mutilés et leurs ruines éparses dans un cimetière, étaient cachés sous l’herbe et recouverts de mousse.

Ainsi, par un système désorganisateur, on voyait le chardon prendre la place du laurier et couronner Charlemagne et Duguesclin. J’en ai recueilli les restes précieux que je puis restaurer. Déjà les tombeaux de François Ier et de Louis XII sont rendus à leur splendeur première, heureux si je puis faire oublier à la postérité ces destructions de l’ignorance !… Enfin à force de soins et de sollicitude, je suis parvenu à recueillir plus de quatre cents monuments de la monarchie française.

Une masse aussi imposante de monuments de tous les siècles, me fit naître l’idée d’en former un musée particulier, etc. » — Le Musée des Monuments français fut ouvert au public pour la première fois le 15 fructidor an III (1er septembre 1795).

Quelle reconnaissance ne devons-nous pas au zèle éclairé d’un administrateur qui a préservé de la destruction tant de chefs-d’œuvre destinés à guider encore le génie de nos artistes ! — Il faut espérer que l’on pressera les rangs des statues qui doivent orner les quatres côtés de l’Hôtel-de-Ville de Paris, et que parmi ces bienheureux on réservera une place à l’architecte Alexandre Lenoir. — Par suite du concordat du 9 avril 1802, qui donna une nouvelle organisation au culte catholique, plusieurs monuments de sculpture furent rendus aux églises.

En 1815, la suppression de ce musée fut décidée. Une grande partie de ses richesses fut dispersée ; toutes celles qui ornaient autrefois les sépultures des princes et princesses furent transférées, au nombre de cent cinquante, dans l’église de l’abbaye royale de Saint-Denis. — Un décret du 24 février 1811 porte ce qui suit : « On s’occupera cette année de la construction d’une École des Beaux-Arts. Cet édifice devra contenir, d’abord les salles communes destinées aux leçons des professeurs et aux concours de l’école, et ensuite les beaux ateliers que nous nous réservons de distribuer, comme récompenses aux principaux artistes, peintres et statuaires. »

Une ordonnance royale du 24 avril 1816 porte : qu’il sera établi dans l’emplacement du musée des Augustins une École royale des Beaux-Arts ; qu’au 15 octobre cette