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On la trouve aussi nommée rue au chevet Saint-Jean, du Cloître Saint-Jean. — Par décision ministérielle du 28 brumaire an VI, signée Letourneux, la moindre largeur de cette voie publique fut fixée à 6 m. — « Paris, le 28 mars 1807. Le ministre de l’intérieur au préfet de la Seine. Je vois avec plaisir qu’il se présente une occasion de changer le nom trivial et barbare de la rue du Pet-au-Diable, et j’applaudis à l’idée que vous avez eue de lui donner le nom de rue du Sanhédrin. Signé Champagny. » Cette dénomination fut affectée à cette voie publique, parce que le premier des tribunaux chez les Juifs (le Sanhédrin) y tenait ses séances. En 1815, elle prit le nom de rue du Tourniquet, en raison d’un tourniquet qu’on y voyait au coin de la rue du Martroi.

Une ordonnance royale à la date du 24 août 1836, fixa la largeur des rues Pernelle et de la Levrette à 18 m., et déclara d’utilité publique l’exécution immédiate de l’alignement. Cette amélioration ne tarda pas à être réalisée.

« Paris, le 22 décembre 1838. — Monsieur le préfet, vous avez proposé de profiter du moment où l’on s’occupe de restaurer et d’agrandir l’Hôtel-de-Ville, pour changer les noms bizarres et insignifiants que portent plusieurs des rues qui entourent ce monument et y substituer ceux d’hommes qui ont rendu d’éminens services à la ville, ou contribué à son embellissement, et parmi lesquels vous placez au premier rang l’illustre commandant de la garde nationale, dont Paris et la France entière déplorent si vivement la perte. D’après le compte que j’en ai rendu au roi, sa majesté a décidé, le 14 de ce mois, que le nom de Lobau serait donné à la rue bordant la façade orientale de l’Hôtel-de-Ville, et formée des trois rues actuellement dénommées Pernelle, de la Levrette et du Tourniquet. » (Extrait d’une lettre du ministre de l’intérieur).

Une ordonnance royale du 1er mai 1842 porte ce qui suit : « Article 1er. Les alignements de la rue de Lobau pour la partie comprise entre la rue François-Miron et la rue de la Tixéranderie, sont arrêtés suivant les lignes noires du plan ci-joint qui forment un pan coupé sur la rue de la Tixéranderie. — Art. 2e. Est déclarée d’utilité publique l’exécution immédiate des alignements ci-dessus arrêtés. » — Cette ordonnance a été exécutée en 1843. On nivelle en ce moment le sol de la rue de Lobau. — Égout. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Parisienne).

Georges Mouton, comte de Lobau, maréchal, pair de France, grand’croix de la Légion-d’Honneur, naquit le 21 février 1770, à Phalsbourg. Il se destinait au commerce ; mais dès que la première coalition menaça la France, il se fit soldat. Sa bravoure à l’armée du Rhin lui valut le grade d’officier. À la bataille de Novi, nous le retrouvons aide-de-camp du général Joubert qui tomba mort dans ses bras. Mouton fut nommé colonel en 1800. Le 11 avril, sur la Verreira, à la tête de son régiment, il livre aux Autrichiens un combat long et opiniâtre, renverse tout devant lui, force l’ennemi à abandonner cette position en laissant sur le champ de bataille six drapeaux et 1500 prisonniers. Eh 1805, l’empereur le prit pour aide-de-camp et le nomma général de brigade. Nous passons plusieurs brillants faits d’armes pour arriver plus vite à l’action qui lui valut le titre de comte de Lobau. En 1809, pendant la campagne d’Autriche, la veille de la bataille d’Eckmüll, le général Hiller manoeuvrant pour opérer sa jonction avec le prince Charles, s’était jeté dans Landshut, derrière l’Iser, puis avait fait mettre le feu au pont. Le général Mouton comprenant toute l’importance de ce mouvement, s’élance à la tête du 7e de ligne, passe l’arme au bras sur le pont enflammé, pénètre dans la ville. Par cette attaque si hardie que Napoléon n’avait pas cru devoir l’ordonner, il sépare les deux armées ; les ennemis en déroute s’enfuient du côté d’Octing et abandonnent 25 pièces de canon, et 10,000 hommes hors de combat. Le 22 mai, l’archiduc Charles attaque Essling, qu’il réussit à enlever pour la sixième fois ; si on le laisse maître de ce poste, rien ne saurait l’empêcher de déboucher, et d’acculer au Danube les débris de nos troupes qui se sacrifient avec tant de dévouement. Napoléon lance une dernière fois l’intrépide général Mouton à la tête des fusiliers de la garde et les grenadiers ennemis sont partout culbutés. Malgré tant de brillants combats, notre armée affaiblie est obligée de se renfermer dans l’île de Lobau. Cernée de toutes parts, elle voit ses ponts coupés et reste exposée au feu de deux armées autrichiennes, établies sur les rives du Danube. Le général Mouton, quoique souffrant d’une blessure qu’il vient de recevoir, se distingue encore parmi les plus braves.

Au retour de cette immortelle campagne où il avait fait tant de prodiges de valeur, le général Mouton fut nommé comte de Lobau, « pour avoir sept fois repoussé l’ennemi et par là assuré la gloire de nos armes. » Tels sont les termes du décret.

Peu de jours après l’empereur apercevant la comtesse de Lobau s’approcha d’elle et lui dit devant toute la cour : « Votre mari est brave comme son épée ; et lui aussi méritait d’être prince d’Essling. »

Après 1830, le comte de Lobau fut appelé au commandement en chef de la garde nationale du département de la Seine. Élevé en 1831 à la dignité de maréchal, et peu de temps après à celle de pair de France, il mourut le 27 novembre 1838.

Lobineau (rue).

Commence à la rue de Seine, nos 70 et 72 ; finit à la rue Mabillon. Le seul impair est 1 ; le seul pair, 2. Cette rue est presqu’entièrement bordée d’un côté par le marché Saint-Germain, et de l’autre par une boucherie dépendant du même marché. Sa longueur est de 116 m. — 11e arrondissement, quartier du Luxembourg.

Elle a été ouverte en 1817, sur une partie de l’emplacement de l’ancienne foire Saint-Germain-des-Prés. — Une décision ministérielle du 12 novembre 1817 a