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et si peu commune et vu le contrat de fondation, lettres-patentes et autres pièces ci-attachés sous le contre-scel de notre chancellerie ; à ces causes et mettant en considération les services notables que nous a rendus notre dit cousin le cardinal Mazarini, et de notre grâce spéciale, pleine puissance et autorité royale, en interprétant et amplifiant nos lettres du mois de juin 1665, nous avons ordonné et par ces présentes signées de notre main, ordonnons, voulons et nous plaît que le dit collége, bibliothèque et académie, ensemble les places et maisons y appartenant, soient sous notre protection, justice, voirie et censive, comme faisant partie de l’ancien hôtel de Nesle, nonobstant tous actes, contrats, transactions, arrêts, jugements, sentences et possessions contraires que nous ne voulons nuire, ni préjudicier à la dite fondation ; ce faisant avons amorti, amortissons à perpétuité tous les dits lieux, sans qu’à présent ni à l’avenir il puisse être prétendu aucun droit pour le dit amortissement, etc… Sera loisible aux libraires et imprimeurs d’habiter et s’établir aux maisons et boutiques qui sont aux deux pavillons et en la grande place du dit collége, pour y vendre et débiter des livres ainsi qu’ils pourraient faire dans l’étendue de l’Université, etc… Accordons au dit collége les droits et privilèges dont jouissent les colléges les plus célèbres ; ce faisant, le déclarons être du corps de l’Université, avec pouvoir d’y admettre toutes sortes de pensionnaires et écoliers, et d’y faire tous les actes et exercices qui se font aux colléges les plus fameux. Accordons pareillement à la dite académie tous les droits et privilèges dont jouissent les autres académies de notre royaume ; et sera la dite bibliothèque publiquement ouverte aux jours et heures qui seront marqués en chacune semaine par les exécuteurs de la fondation, etc… Donné à Saint-Germain-en-Laye, au mois de juin 1669, et de notre règne le 27e, signé Louis… Par le roi, signé Colbert, et scellé du grand sceau de cire verte. »

Un plan avait été dressé le 23 juin 1665, par Louis Levau, architecte du roi. Il fut exécuté par Lambert et d’Orbay. La façade principale placée sur le quai est de forme demi-circulaire ; elle est composée d’un avant corps d’ordonnance corinthienne qui en occupe le centre et de deux ailes dont la courbe se termine en avant sur le quai, et ne laisse en cet endroit qu’une route trop étroite. L’avant-corps qui formait le portail de l’église fut couronné d’un fronton et surmonté d’un dôme circulaire qui est terminé par une lanterne. Ce dôme, qui présente à l’extérieur une forme circulaire, a dans l’intérieur une forme elliptique. À droite du sanctuaire on voyait le tombeau du cardinal Mazarin ; ce tombeau, un des beaux ouvrages de Coysevox, avait été transféré au musée des monuments français. Ce mausolée fait actuellement partie du musée de Versailles. Le collége Mazarin, auquel on avait aussi donné le nom de Collége des quatre Nations, pour indiquer les pays auxquels appartenait le bénéfice de cette fondation, ne subit aucun changement jusqu’à l’époque de la révolution.

Bibliothèque Mazarine. — Le cardinal Mazarin posséda successivement deux bibliothèques ; l’une et l’autre furent formées par Gabriel Naudé, l’homme de son temps qui se connaissait le mieux en livres. Ce savant parlait de la première collection comme étant la plus curieuse des bibliothèques de l’Europe. Elle était, disait-il, composée de plus de 40 000 volumes. Un arrêt du parlement de Paris, lors des troubles de la Fronde, en ordonna, en 1652 la confiscation et la vente. Le cardinal Mazarin étant rentré dans Paris, plus fort et plus puissant qu’il n’avait jamais été, chargea encore Naudé de rassembler les livres qu’il pourrait retrouver de l’ancienne collection ; cet infatigable bibliographe, aidé de Lapoterie, réunit un grand nombre de précieux ouvrages. Ce savant étant mort le 30 juillet 1633, Lapoterie continua son œuvre. « Le syndic de la librairie (dit Guy Patin) s’y employa tout de bon. On acheta pour augmenter cette collection la bibliothèque de Descordes, chanoine de Limoges, moyennant la somme de 19 000 livres. Déjà le cardinal, par les conseils de Lapoterie, avait fait l’acquisition de la bibliothèque de Naudé pour la somme de 20 000 livres. Le même Guy Patin dit « qu’elle était très pleine de petits livres bons, rares, curieux qui ne se pourraient qu’avec grande peine retrouver ni rencontrer ailleurs. » Cette bibliothèque fut confiée à l’administration et à la direction de la société de Sorbonne, le 14 avril 1688, jusqu’au 7 mai 1791. À cette époque Luce-Joseph Hooke en fit la remise à l’occasion de son refus de prêter serment à la constitution civile du clergé.

La bibliothèque Mazarine a reçu depuis la révolution des accroissements considérables. Elle possède aujourd’hui près de cent mille volumes imprimés et quatre mille cinq cents manuscrits. Outre cette bibliothèque, le même édifice en renferme une seconde, c’est celle de l’Institut. Quoique moins nombreuse, elle est précieuse par le nombre des ouvrages modernes qui y sont déposés. Ces deux bibliothèques avaient été réunies par ordonnance du 16 décembre 1819. Elles ont été séparées par une autre ordonnance du 26 décembre 1821, et chacune d’elles est placée sous un régime administratif particulier. Le personnel de la bibliothèque Mazarine se compose d’un bibliothécaire administrateur, de cinq conservateurs et de deux sous-bibliothécaires. Elle est ouverte au public tous les jours, excepté les dimanches et fêtes. Les vacances commencent le 15 août et finissent le 1er octobre.

2e Partie. — Académie Française. — Académie royale des Inscriptions et Belles-Lettres. — Académie des Sciences. — Académie royale de Peinture et Sculpture. — Académie royale d’Architecture. — Institut de France.

Nous allons parler des différentes académies qui,