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voie publique. Portions d’égout et de conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Française).

Institut (place de l’).

Située sur le quai de Conti. — 10e arrondissement, quartier de la Monnaie.

Elle a été formée à la même époque que le palais dont elle tire son nom. Un mandement du roi, à la date du 8 août 1662, prescrivit au prévôt des marchands de n’apporter aucun retard à la construction de cette place. Des lettres-patentes du 22 avril 1769, que nous avons rapportées à l’article du quai de Conti, ordonnèrent la démolition des deux pavillons qui bordent cette place. Cette disposition n’a pas été exécutée. — Conformément à une décision ministérielle du 12 février 1810, la première arcade de chacun des pavillons de l’Institut doit être démolie et l’on ouvrira, sous l’arcade contiguë, un passage couvert pour les piétons. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Française).

Institut de France.

Situé sur le quai de Conti. — 10e arrondissement, quartier de la Monnaie.
1re partie. — Collége Mazarin.

Le 6 mars 1661, dans une des salles de l’antique forteresse de Vincennes, le cardinal Mazarin s’apprêtait à mourir. Le ministre fit venir maîtres Nicolas le Vasseur et François le Fouin, notaires, garde notes du Chastelet de Paris. Il déclara qu’il avait depuis longtemps formé le dessein d’employer en œuvres de piété et de charité une somme considérable, des grands biens qu’il tenait de la divine providence et de la bonté du roi. Il ajouta qu’il n’avait trouvé rien de plus utile que la fondation d’un collége et d’une académie pour l’instruction des enfants des gentilshommes ou des principaux bourgeois de Pignerol et de son territoire, d’Alsace et pays d’Allemagne, de l’état ecclésiastique, de Flandre et de Roussillon. Dans l’acte de fondation que le cardinal fit dresser, il est dit : « Que des soixante écoliers qui doivent être entretenus et instruits dans le dit collége, il y en ait quinze de Pignerol ; territoire et vallées y jointes, et de l’état ecclésiastique en Italie préférant ceux de Pignerol à tous les autres, les Romains ensuite, et au défaut d’eux, ceux des autres provinces de l’état ecclésiastique en Italie ; quinze du pays d’Alsace et autres pays d’Allemagne contigus, vingt du pays de Flandres, Artois, Hainaut et Luxembourg, et dix du pays de Roussillon, Conflans et Sardaigne. Les quinze personnes pour l’académie seront tirées du collége sans aucune distinction des dites nations, et si le collége n’en peut fournir un si grand nombre, le surplus jusqu’au dit nombre de quinze sera pris des personnes d’ocelles nations, quoiqu’elles n’aient pas étudié au dit collége. Les soixante écoliers du collége et les quinze personnes de l’académie seront logés, nourris et instruits gratuitement, au moyen de la présente fondation. Les gentilshommes seront toujours préférés aux bourgeois, tant pour le collége que pour l’académie, et ceux qui auront le plus longtemps étudié au dit collége, préférés à ceux qui auront le moins étudié pour être admis à l’académie, pourvu que ceux qui auront le plus étudié soient également propres pour l’académie. Son éminence se réserve le nom et le titre de fondateur du dit collége de l’académie, et à son défaut l’aîné de ceux qui porteront son nom et ses armes, aura les mêmes droits avec toutes les prérogatives des fondateurs. » — Pour consolider à jamais cette fondation, le cardinal légua deux millions en argent, plus 45 000 livres de rente sur l’Hôtel-de-Ville de Paris. Ce contrat de fondation fut confirmé, loué et approuvé par lettres-patentes du roi, datées de Saint-Germain-en-Laye, au mois de juin 1665. De nouvelles lettres-patentes interprétant les premières furent données en juin 1669. Nous en rapportons un extrait : « Louis, par la grâce de Dieu, etc., à tous présents et avenir, salut. Nous avons par nos lettres-patentes du mois de juin 1665, registrées en notre cour de parlement, le 14 août de la même année, confirmé la fondation faite par feu notre très cher et très amé cousin le cardinal Mazarini, duc de Nivernois, etc. d’un collége et académie dans notre bonne ville de Paris pour y instruire et élever gratuitement aux exercices de corps et d’esprit convenables à la noblesse, les jeunes gentilshommes qui auraient pris naissance ès villes et pays cédés à la couronne par les traités de Munster et des Pyrénées savoir, en la ville de Pignerolles, son territoire et vallées y jointes, avec l’état ecclésiastique en Italie, et provinces d’Alsace et pays d’Allemagne qui y sont contigus, et à partie des provinces de Flandre, Artois, Hainaut, Luxembourg, Roussillon, Conflans et Sardaigne cédés par le dit traité le tout aux clauses du contrat passé par devant le Vasseur et le Fouin, notaires au Chastelet, le 6 mars 1661, par lequel don est fait au dit collége d’une bibliothèque et académie nommées Mazarini, et la fondation censée et réputée royale et jouir des mêmes avantages, privilèges et prérogatives dont jouissent celles qui ont été fondées par les rois nos prédécesseurs ou par nous, et d’autant plus que depuis les dites lettres, les bâtiments de l’église, du collége et de la bibliothèque sont tellement avancés qu’il y a lieu d’espérer que dans peu l’on pourra célébrer la sainte messe dans l’église commencée, les exercices dans le collége et que tous les livres légués et donnés seront placés et rangés dans la nouvelle bibliothèque qui doit être publique deux jours de chacune semaine, que ces lieux étant situés vis-à-vis notre château du Louvre, y apportent un fort bel ornement ; que le dit établissement sera d’une très grande utilité au public, et que nous désirons d’ailleurs donner en toutes choses les marques de l’estime que nous conservons pour la mémoire de notre dit cousin le cardinal Mazarini, et pour l’affection qu’il a témoignée au public par une fondation si illustre