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L’on procedda ensuite à l’élection des quatre scrutateurs ; Monsieur le prévost des marchands ayant pris à cette effect le serment de tous les assistants, et par la pluralité des voix qui furent M. Hiérosme Bignon pour les officiers du roy, M. Le Vieux pour les conseillers de ville, le sieur Picquet pour les quartiniers et le sieur Le Brun pour les bourgeois.

Les quatre scrutateurs ayant faict ensemble le serment entre les mains de Monsieur le prévost des marchands, de procéder en leur conscience au scrutin de l’élection, MM. les prévost des marchands et eschevins seroient sortis de leurs places et passez en un banc au-dessus, et MM. les scrutateurs s’estant assis sur le banc que MM. de la Ville avoient quitté, M. Bignon tenant le tableau sur lequel on fait le serment, M. le Vieux, le chappeau my party pour recevoir les bulletins, le greffier de la Ville auroit appelé. Les élections ayant commencé par MM. les prévost des marchands et eschevins, continué par les conseillers de ville suivant l’ordre du tableau, et finy par les quartiniers et les bourgeois mandez.

Après que les suffrages ont esté portez par les électeurs, MM. les scrutateurs sont passez dans le petit bureau et ont dressé le scrutin de l’élection, lequel est demeuré entre les mains de M. Bignon, premier scrutateur, pour le présenter à sa majesté. M. le prévost des marchands ayant faict sçavoir cette élection à M. de Guénégaud, secrétaire d’estat, et l’ayant prié de luy mander le jour auquel le Roy auroit agréable de recevoir le serment des nouveaux eslus, ayant sceu par sa réponse que le Roy auroit donné jour pour le lundy 20 aoust à l’issue de son disné, M. le prévost des marchands en auroit faict advertir les nouveaux eslus, les quatre scrutateurs, les officiers de la Ville et toute la compagnie s’estant assemblée en l’Hostel-de-Ville le dit jour, en seroit party en carrosse pour aller prendre M. le duc d’Aumont, gouverneur de Paris, en son hostel.

L’on arriva à Saint-Germain sur les neuf heures, M. le gouverneur fut au levé du Roy, et M. le prévost des marchands mena cependant MM. les scrutateurs et les nouveaux eslus chez M. le chancelier et MM. les ministres. Sur le midy, M. le gouverneur, MM. les prévost des marchands et eschevins, conseillers et officiers de la Ville, les scrutateurs s’estant rendus en la maison que M. le prévost des marchands avoit fait retenir pour recevoir la Ville, on y servit le disné à l’issue du quel, comme l’heure de l’audience approchoit, on alla au palais dans l’ordre qui suit : 1o Marchoient quatre archers de la Ville ayant à leur teste le colonel. Ils estoient suivys de quatre huissiers de la Ville ayant leur robbe de livrée. Le greffier de la Ville seul vestu de sa robbe my party d’escarlatte et de noir, M. le gouverneur, et M. le prévost des marchands vestu de sa robbe de sattin rouge et tanné, MM. les eschevins avecque le procureur du roy, M. le receveur avecque le doyen des conseillers de la Ville, enfin les quatre scrutateurs suivys des nouveaux eslus ; les conseillers et quartiniers qui assistent à cette cérémonie marchoient ensuitte deux à deux. Les archers de la ville estant restez à la porte du chasteau, le reste de la compagnie se rendit à l’appartement de M. de Gesvres, qui leur auroit été marqué pour leur audience, à la quelle ils furent conduits peu de temps après par M. de Sainctot, et présentés à sa majesté par M. Du Plessis, secrétaire d’estat.

Le Roy estoit assis dans son fauteuil placé au milieu de sa chambre, et après les révérences accoutumées tous ceux qui composoient le corps de ville s’estant mis à genoux, M. Voisin, prévost des marchands dit à sa majesté que l’on avoit proceddé à l’élection d’un prévost des marchands et de deux eschevins nouveaux, que M. Bignon estoit chargé du scrutin de la nouvelle élection, et l’apportait à sa majesté pour luy en demander la confirmation, après quoy M. Bignon s’estant incliné, auroit faict au roy un discours des plus éloquents, et luy ayant présenté le scrutin de la ditte élection, le roy l’auroit donné à M. Du Plessis pour en faire la lecture, après laquelle le greffier de la ville ayant présenté au roy le tableau sur lequel on a coustume de faire le serment, M. Le Peletier élu prévost des marchands et MM. Belin et Picques élus eschevins s’estant approchés et mis la main sur le dit tableau, mon dit sieur Du Plessis fit la lecture du serment qu’ils prêtèrent ; ensuite de quoy le Roy tesmoigna par un discours des plus obligeants son approbation sur la conduitte de MM. les prévost des marchands et eschevins qui sortoient de charge, et dit qu’il espéroit les mêmes services des nouveaux eslus dont les personnes lui estoient très agréables. Le Roy estant passé dans son cabinet, la compagnie alla saluer la reyne, M. le dauphin, Madame et Monsieur le duc d’Anjou, et après les visittes, l’on retourna à Paris et les nouveaux eslus furent installez et mis en possession de leurs charges par M. le premier scrutateur en la manière accoutumée. » (Arch. du royaume, section administrative, reg. H, no  1821).

Dans un autre mémoire relatif à l’élection du 16 août 1674, on lit ce qui suit : « M. Bezons fit la harangue et présenta le scrutin à sa majesté, qui l’ayant remis entre les mains du secrétaire d’état, lui ordonna d’en faire la lecture. Après la lecture faite du dit scrutin, le greffier de la ville donna le serment au dit secrétaire d’état, et le crucifix ayant été remis entre les mains de sa majesté, les d. prévost des marchands et eschevins à genoux jurèrent dessus, le serment étant lu à haute voix par le secrétaire d’état. »

Il serait impossible de rappeler dans cet article tous les services rendus à la ville par la prévôté des marchands. Les accroissements successifs de la capitale,