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2 m. à 4 m. — Égout. — Conduite d’eau entre les rues Transnonnain et les deux bornes-fontaines. — Éclairage au gaz (compe Lacarrière).


Grenier-sur-l’Eau (rue).

Commence à la rue Geoffroy-l’Asnier, nos 21 et 23 ; finit à la rue des Barres, nos 14 et 16. Pas de numéro. Sa longueur est de 100 m. — 9e arrondissement, quartier de l’Hôtel-de-Ville.

Elle doit son nom à un propriétaire appelé Garnier ou Guernier qui, en 1241, donna aux Templiers quelques maisons près de l’église Saint-Gervais, à l’endroit même où cette rue est située. En 1257, selon Sauval, c’était la rue André-sur-l’Eau. Guillot et le rôle de taxe de 1313 lui donnent la dénomination de rue Garnier-sur-l’Yaüe. — Une décision ministérielle du 13 thermidor an VI, signée François de Neufchâteau, fixa la largeur de cette voie publique à 6 m. Cette largeur a été portée à 10 m., en vertu d’une ordonnance royale du 4 mars 1836. Les maisons du côté gauche, entre les rues Geoffroy-l’Asnier et du pont Louis-Philippe, sont soumises à un retranchement qui varie de 7 m. 30 c. à 8 m. 20 c., les autres propriétés de ce côté sont alignées ; les constructions du côté des numéros pairs, entre les rues Geoffroy-l’Asnier et du pont Louis-Philippe, et la maison située à l’encoignure gauche de cette voie publique, sont à l’alignement ; le surplus devra reculer de 6 m. à 7 m. 30 c.


Grés (rue des).

Commence à la rue Saint-Jacques, nos 154 et 156 ; finit à la rue de la Harpe, nos 119 et 121. Le dernier impair est 17 ; le dernier pair, 22. Sa longueur est de 196 m. — 11e arrondissement, quartier de la Sorbonne.

C’était anciennement le passage des Jacobins. Cette communauté religieuse, dont nous parlerons dans le cours du présent article, avait son entrée dans ce passage. Un procès-verbal dressé par le conseil des bâtiments civils, dans sa séance du 24 thermidor an VII, porte ce qui suit : « Les domaines nationaux qui bordent le passage des Jacobins, ayant été vendus à la charge de fournir le terrain nécessaire pour la formation d’une rue à ouvrir sur ce passage, cette rue, qui aux termes de la déclaration du mois d’avril 1783 ne pouvait avoir moins de 10 m., a été fixée à cette largeur, etc. » — Cette disposition fut sanctionnée le 8 frimaire an VIII par le ministre de l’intérieur Laplace, qui décida, le 13 du même mois, que le passage des Jacobins prendrait la dénomination de rue des Grés. Cette voie publique tirait ce nom de sa proximité de l’église Saint-Étienne-des-Grés. Les propriétés nos 1, 3, 5, 7, 9, 16, 18, 20 et 22 ne sont pas soumises à retranchement. — Éclairage au gaz (compe Parisienne).

Couvent des Jacobins. — Au commencement du XIIe siècle, l’hérésie des Manichéens s’était propagée dans le Languedoc. Les plus fervents apôtres de cette doctrine furent appelés Albigeois, parce qu’ils habitaient en grand nombre le diocèse d’Albi. En 1212, une croisade fut prêchée contre ces hérétiques. Les armes temporelles ne suffisant pas pour les soumettre, saint Dominique essaya de les convertir par la parole. Ses efforts furent couronnés d’un si grand succès, qu’il conçut le dessein de former un ordre religieux destiné à la propagation de la foi. Cette fondation fut approuvée en 1216 sous le titre de communauté des Frères-Prêcheurs. Les disciples de saint Dominique vinrent à Paris l’année suivante, et s’établirent dans une maison voisine de l’église Notre-Dame ; mais en 1218, Jean Barastre, doyen de Saint-Quentin, leur donna une propriété située près des murs de la ville, ainsi qu’une petite chapelle dédiée à saint Jacques et destinée aux pèlerins. Les religieux en ayant pris possession reçurent le nom de Jacobins. Ce ne fut qu’en 1220 qu’ils obtinrent du chapitre de Notre-Dame l’autorisation d’avoir une église et un cimetière. Saint Louis les combla de bienfaits, fit terminer leur église et construire un dortoir et des écoles. Ce roi leur donna aussi plusieurs terrains pour agrandir leur établissement et choisit pour confesseur un de ces religieux nommé Geoffroy de Beaulieu. Les Jacobins ne dédaignaient pas de recourir à l’aumône. Tous les matins ils parcouraient les rues en criant :

Aux frères Saint-Jacques, pain,
Pain, por Dieu aux frères menors.

Le poète Rutebœuf, écrivain du XIIIe siècle, nous apprend que cette communauté était alors puissante. Leurs richesses amenèrent bientôt le relâchement de la discipline. En 1502, le désordre était à son comble. Le cardinal d’Amboise résolut de mettre un terme à ce scandale, au moyen d’une réforme qu’il avait projetée et dont le pape avait approuvé les dispositions. Les évêques d’Autun et de Castellamare furent envoyés auprès des Jacobins pour leur faire lecture des lettres du saint père, avec ordre d’obéir sous peine d’excommunication. Les religieux refusèrent de se soumettre. Le lendemain, les deux prélats revinrent à la charge ; mais cette fois ils jugèrent convenable de se faire escorter par un certain nombre de gens armés ; de leur côté, les religieux appelèrent à leur secours plusieurs écoliers de l’Université. La lutte s’engagea, mais les Jacobins eurent le dessous et prirent la fuite. Aidés par douze cents écoliers dont les excès scandaleux causèrent un grand tumulte, ils rentrèrent bientôt dans leur couvent. Enfin, après avoir soutenu un siège en règle, ils furent contraints d’abandonner leur maison et de se disperser dans les provinces. Le 25 février 1505, le cardinal d’Amboise introduisit dans la capitale les Jacobins de la nouvelle réforme de Hollande. Louis XII fit à ces religieux la cession de l’ancien parloir aux bourgeois et d’une ruelle longeant le mur de la ville. Leur couvent fut alors considérablement augmenté. Par les libéralités d’un riche particulier nommé Hen-