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« Je veux jusqu’à la mort maintenir la pureté de notre langue. »

L’opinion de Malherbe sur Paris mérite d’être rapportée, dans un ouvrage qui traite des rues et monuments de la capitale. « Paris a mon cœur dès mon enfance, et m’en est advenu comme des choses excellentes. Plus j’ay veu depuis d’autres villes belles, plus la beauté de cette-cy peut et gaigne sur mon affection. Je l’ayme tendrement jusques à ses verrues et à ses taches. Je ne suis François que par cette grande cité, grande en peuple, grande en félicité de son assiette, mais surtout grande et incomparable en variété et diversité de commodités ; la gloire de la France et l’un des plus nobles ornements du monde, Dieu en chasse loin nos divisions. »

Sous le règne de Louis-le-Grand, on avait conçu le projet de faire une grande place devant la colonnade du Louvre, et de percer une large voie qui devait aboutir à la place du Trône. Les dépenses occasionées par la guerre de la succession d’Espagne firent abandonner ce dessein, qui fut repris sous l’empire.

Nous lisons dans l’ouvrage de MM. Percier et Fontaine :

« La salle de l’Opéra, bâtie isolément sur la place du Palais-Royal, et faisant face à l’entrée principale de ce palais, communiquera à l’aile des Fêtes par un arc couvert. Un pavillon pareil à l’entrée de celui du Musée formera de l’autre côté le porche de l’église du Louvre, commencée pour remplacer celle de Saint-Germain-l’Auxerrois, qui sera démolie lorsqu’on exécutera la place et le percement de la rue du Trône. »

Les malheurs de la dynastie impériale empêchèrent la réalisation de ce projet.

Cette église fut en partie dévastée en 1831. Le 14 février, le curé de Saint-Germain-l’Auxerrois célébra un service funèbre en commémoration de la mort du duc de Berri. Le buste de ce prince fut promené dans l’église. Cette manifestation imprudente, coupable même, servit de prétexte à quelques agitateurs pour se porter aux excès les plus révoltants. La croix qui surmontait l’édifice est renversée, les peintures sont effacées, les sculptures mutilées. On vit des hommes entrer dans l’église et la dévaster avec un calme, un sang-froid effrayants. Saint-Germain-l’Auxerrois porta pendant plusieurs années les marques de cet affreux vandalisme. Enfin, une décision ministérielle du 12 mai 1837, approuvée par le roi le même jour, rendit cette église au culte catholique, et la restauration du monument fut confiée à M. Godde, architecte.

La dépense s’est élevée, pour 1838, à 
 52,640 fr 25 c
En 1839, à 
 114,200 fr 25 c
et en 1840, à 
 93,659 fr 25 c

Le portail a été réparé avec le plus grand soin, puis entouré d’une grille de fer. Les grandes roses à compartiments ont été refaites et les vitraux renouvelés suivant les anciens dessins.

M. Godde a été merveilleusement secondé par M. Lassus, qui, en cette circonstance, a su réunir les talents d’un architecte habile à ceux d’un archéologue distingué.


Germain-l’Auxerrois (place Saint-).

Située en face du grand portail de l’église du même nom. Les numéros impairs, dont le dernier est 43, continuent la série de la rue des Prêtres ; les numéros pairs, dont le dernier est 24, continuent la série de la rue Chilpéric. — 4e arrondissement, quartier du Louvre.

Cette place faisait anciennement partie du cloître Saint-Germain-l’Auxerrois, et en portait la dénomination. — Arrêt du conseil. « Versailles, 13 novembre 1784. Le roi étant en son conseil a ordonné et ordonne qu’à compter du 1er juillet 1783, et jusqu’à ce qu’il en ait été autrement ordonné, le chapitre Notre-Dame de Paris sera employé dans l’état du domaine de la généralité de Paris, qui sera arrêté pour la présente année 1784, et dans les suivantes pour une rente de 815 septiers de bled-froment, mesure de Paris, payable néanmoins en argent, d’après les apprécis du marché de la d. ville, pour lui tenir lieu des loyers des onze maisons, ainsi que des places et échoppes dont est question, et qui doivent entrer dans la formation d’une place, ordonnée être construite devant la colonnade du Louvre, etc… Ordonne sa majesté, qu’au moyen de l’emploi ci-dessus, le chapitre de Paris sera tenu d’abandonner la libre possession et jouissance des d. maisons, places et échoppes, sauf et sans préjudice à arrangement définitif, à prendre avec lui pour l’acquisition des d. maisons et de la directe qui peut lui appartenir dans le cloître Saint-Germain-l’Auxerrois ; et seront sur le présent arrêt toutes lettres-patentes nécessaires expédiées. Signé Hue de Miroménil et de Calonne. » (Archives du royaume). Il n’existe pas d’alignement arrêté pour la place Saint-Germain-l’Auxerrois. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).

Les maisons dont il est question dans l’arrêt que nous venons de reproduire en partie, furent bientôt démolies. Elles occupaient l’emplacement d’un vaste hôtel connu sous le nom de maison du Doyenné. L’hôtel du Doyenné faisait le coin d’un passage qui conduisait du cloître Saint-Germain-l’Auxerrois à la place du Louvre. Dans cette propriété mourut Gabrielle d’Estrées, duchesse de Beaufort, et maîtresse du roi Henri IV. La duchesse avait passé une partie du carême à Fontainebleau. La politique et la bienséance forcèrent Henri IV à éloigner sa maîtresse pendant les cérémonies de Pâques ; il l’avait priée de retourner à Paris, et il la reconduisit lui-même jusqu’à Melun. « Ces deux amants, dit Sully, sembloient avoir un pressentiment qu’ils ne se reverroient plus ; il s’accablaient de caresses, les larmes