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de la croisée furent construites les chapelles qui en occupent tout l’espace. On regrette amèrement que les artistes chargés de ces travaux n’aient pas su respecter le caractère primitif de l’architecture du monument. Dans les chapelles des bas-côtés du chœur ont été déposés en 1821 les cendres de Descartes, celles de Mabillon, de Montfaucon et le cœur de Boileau qu’on avait extrait de la Sainte-Chapelle.

Plusieurs tableaux de Sébastien Le Clerc, de Nicolas Bertin, de Vanloo, ornent cette église, qui est aujourd’hui la première succursale de Saint-Sulpice.


Germain-des-Prés (marché Saint-).

Circonscrit par les rues Clément, Félibien, Lobineau et Mabillon. — 11e arrondissement, quartier du Luxembourg.

Ce marché a été construit sur une partie de l’emplacement de l’ancienne foire Saint-Germain-des-Prés. Le premier titre qui la mentionne est une charte de 1176, par laquelle Hugues, abbé de Saint-Germain-des-Prés, cède au roi Louis-le-Jeune la moitié des revenus qu’elle produisait alors. Toutefois cet acte ne nous dit pas en quel lieu elle se tenait, ni pour quel motif cette cession était faite. On y voit seulement qu’elle commençait quinze jours après pâques et durait trois semaines. Il nous paraît probable qu’une indemnité fut accordée par ce prince, indemnité qui permit à ces religieux d’établir une autre foire. Philippe-Auguste, en 1200, confirmant ce droit, constate qu’il avait été établi par Louis VII. Jaillot croit qu’elle se tenait près du chemin d’Issy, rue d’Enfer.

Les religieux de Saint-Germain-des-Prés, ayant éprouvé de grandes pertes pendant les guerres civiles de Charles VI et Charles VII, demandèrent pour se dédommager, par l’organe de Geoffroi Floreau, leur abbé, le droit d’établir dans le faubourg Saint-Germain une foire franche, semblable à celle de Saint-Denis. Le roi Louis XI accéda à leur demande par lettres patentes du mois de mars 1482. Cette foire devait commencer le 1er octobre et durer huit jours. Sous les règnes suivants, l’époque et la durée furent changées plusieurs fois. Sous Louis XIV, qui en confirma le privilège en 1711, l’ouverture en fut fixée au 3 février ; elle se prolongeait ordinairement jusqu’à la veille du dimanche des Rameaux. — En 1486, les religieux avaient fait construire 340 loges ; elles étaient si peu solides qu’en 1511, Guillaume Briçonnet, abbé de Saint-Germain, les fit rebâtir. Henri III prenait souvent plaisir à se promener à la foire Saint-Germain. Le 4 février 1579, les ligueurs, informés que le roi devait aller visiter cet établissement, ameutèrent des écoliers qui mirent autour de leur cou de grandes fraises de papier, semblables à celles que portaient Henri III et ses mignons. Ils se promenèrent en criant : « À la fraise on reconnaît le veau ! » Le roi se contenta de les faire emprisonner. — Cette foire était brillante alors et couverte d’une charpente qui faisait l’admiration des architectes et des nombreux étrangers que cet immense bazar attirait. Ces constructions, justement célèbres, devinrent la proie des flammes pendant la nuit du 16 au 17 mars 1762. L’incendie fut si violent qu’il s’étendit jusqu’à l’église Saint-Sulpice et endommagea la coupole de la chapelle de la Vierge. On commença la reconstruction de cet établissement au mois d’octobre de la même année, mais dans une forme moins belle et surtout moins commode. Cette foire cessa vers 1786 ; on n’y vit plus alors que des marchands de vieux linge.

Décret impérial relatif aux marchés de Paris.

« Au palais des Tuileries, le 30 janvier 1811. Napoléon, empereur, etc… — Art. 11e. Le marché Saint-Germain sera établi sur les terrains tant de l’ancienne foire Saint-Germain que du marché actuel, et sa circonscription sera formée suivant les lignes A, B, C, D, E, F, G, H, I, K, L, M, N, O, cotées au plan annexé au présent décret. — Art. 12e. La ville de Paris est autorisée à acquérir pour cause d’utilité publique, et dans les formes prescrites par la loi du 8 mars dernier, 1o le terrain occupé par les anciennes baraques de la foire Saint-Germain, ou compris dans son enclos ; 2o ceux nécessaires pour l’ouverture des rues indiquées sur le plan par les lettres P, Q, et pour l’élargissement des autres rues cotées sur le même plan T, V, X, Y, Z, etc. — Art. 13e. La ville de Paris est également autorisée à revendre à son profit, 1o les terrains désignés sur le plan par une teinte rouge et marqués de la lettre A B ; 2o les terrains qui proviendront des maisons acquises aux termes du présent décret, et qui n’auront pas été employées à la formation des rues désignées en l’article 12, comme il est dit ci-dessus article 4. — Art. 14e. Le retranchement désigné au plan par un astérisque aura lieu par mesure de grande voirie, etc. Signé Napoléon. »

La première pierre du marché Saint-Germain fut posée le 15 août 1813. Le sol de cet emplacement se trouvait inférieur de plus de 3 m. à celui des rues environnantes. Les eaux pluviales et les immondices qu’elles entraînaient étaient reçues dans les puisards, devenus des foyers d’infection. Le premier avantage qu’on recueillit des nouvelles constructions a été de faire disparaître ces puisards, en élevant le sol entier au-dessus des voies publiques. Ce marché, ouvert en 1818, a la forme d’un quadrilatère ; l’édifice, à la fois noble, simple et commode, est circonscrit par quatre rues. Celles qui bordent les grands côtés sont appelées Clément et Lobineau, et celles qui longent les petits côtés sont les rues Félibien et Mabillon. Ces noms nous rappellent quatre savants bénédictins qui ont illustré la congrégation de Saint-Maur. — Le corps des boucheries donne sur la rue Lobineau. Il a 92 m. de longueur sur 14 de profondeur, et contient 34 boutiques. Le marché se compose de quatre grands corps de bâtiments de