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Gabriel (avenue).

Commence à la place de la Concorde et à la rue des Champs-Élysées, no  1 ; finit à l’avenue Matignon. Pas de numéro impair ; ce côté est bordé par les Champs-Élysées ; le dernier pair est 38. Sa longueur est de 695 m. — 1er arrondissement, quartier des Champs-Élysées.

La partie de cette avenue comprise entre la rue des Champs-Élysées et l’avenue Marigny était confondue autrefois dans les Champs-Élysées. Formée en 1818, elle doit son nom à Jacques-Ange Gabriel, célèbre architecte, qui naquit à Paris en 1710 et mourut dans la même ville vers 1782. On sait que la place Louis XV, aujourd’hui de la Concorde, où cette avenue prend naissance, a été tracée en 1763 sur les dessins de Gabriel. Le monument qui fait le plus d’honneur au talent de cet artiste est sans contredit l’École-Militaire, dont il commença la construction en 1751. — Il résulte d’un alignement approuvé le 13 messidor an VII par le ministre de l’intérieur Quinette, que les constructions bordant cette partie d’avenue sont soumises à un retranchement considérable. Le surplus de l’avenue Gabriel était formé dès 1670. Il n’existe point d’alignement pour cette deuxième partie. — Éclairage au gaz (compe de l’Ouest).


Gaillard (passage).

Commence à l’allée des Veuves ; finit à la rue Marbeuf, no  8. — 1er arrondissement, quartier des Champs-Élysées.

Le terrain sur lequel a été ouvert ce passage était connu en 1789 sous le nom de Marais des Gourdes ; il appartenait alors aux religieuses de la Visitation-Sainte-Marie de Chaillot. Leur communauté ayant été supprimée en 1790, leurs biens devinrent propriétés nationales. Le terrain dont il s’agit fut vendu en 1792. En 1825 le passage fut formé par M. Gaillard.


Gaillon (rue).

Commence à la rue Neuve-des-Petits-Champs, nos 52 et 54 ; finit à la rue Neuve-Saint-Augustin, nos 27 et 31. Le dernier impair est 25 ; le dernier pair, 22. Sa longueur est de 151 m. — 2e arrondissement, quartier Feydeau.

En 1495 c’était la ruelle Michaut-Riegnaut ; en 1525 la rue Michaut-Regnaut en raison d’un voiturier ainsi appelé qui y possédait une grande maison et un jardin. On lui donna en 1578 la dénomination qu’elle conserve encore aujourd’hui, en raison de l’hôtel Gaillon, remplacé depuis par l’église Saint-Roch ; elle prenait naissance sous ce nom à la rue Saint-Honoré et aboutissait à la Porte Gaillon, près de l’endroit où est maintenant le boulevart, en face de la rue Delamichodière. En 1700, cette porte fut abattue et l’on supprima, en vertu d’un arrêt du conseil du 3 juillet 1703, une partie de la rue Gaillon, qui ne s’étendit plus à partir de cette époque que jusqu’à la rue Neuve-Saint-Augustin. La partie entre la rue Saint-Honoré et la rue Neuve-des-Petits-Champs prit au XVIIe siècle le nom de Lorges, en raison de l’hôtel de Lorges qui était situé au coin nord-est de cette rue et de la rue Neuve Saint-Augustin, et ensuite celui de rue Neuve-Saint-Roch, parce que l’église Saint-Roch y est située. — Une décision ministérielle en date du 28 ventôse an IX, signée Chaptal, fixa la largeur de la rue Gaillon à 10 m. En vertu d’une ordonnance royale du 4 octobre 1826, cette dimension est portée à 12 m. : de 1 à 11 inclus, retranchement 1 m. 20 c. à 2 m. ; de 13 à 17 inclus, retranchement 70 c. à 1 m. 20 c. ; 19, retranchement 60 c. ; 21, retranchement 50 c. ; 23, retranchement 40 c. ; 25, aligné ; de 2 à 10, retranchement 2 m. 40 c. à 3 m : 30 c. ; de 12 à 20 inclus, retranchement 3 m. 30 c. à 4 m. 25 c. ; 22, aligné. — Égout. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).


Gaîté (théâtre de la).

Situé boulevart du Temple, no  68. — 6e arrondissement, quartier du Temple.

Nicolet, directeur d’une troupe de sauteurs qui desservaient les foires Saint-Germain et Saint-Laurent, vint en 1759 s’établir sur le boulevart. Il y fit construire un théâtre où l’on représentait des pièces grivoises et des pantomimes-arlequinades qui furent accueillies avec la plus grande faveur. Taconnet, le meilleur acteur de cette troupe, composait des pièces qui lui valurent le surnom de Molière des boulevarts. Il attirait tout Paris au théâtre de Nicolet lorsqu’il jouait un rôle d’ivrogne ou de savetier. Quand il voulait exprimer le dernier degré de son mépris pour quelqu’un, il disait : Je te méprise comme un verre d’eau. Cet excellent comédien mourut gaiment à l’hospice de la Charité. — En 1769 les directeurs de l’Opéra, jaloux des succès obtenus par Nicolet, firent interdire la parole aux acteurs de ce théâtre. Cet ordre rigoureux ne fut pas longtemps en vigueur. En 1772 la troupe de Nicolet joua quelques représentations devant la cour, réunie alors à Choisy. La favorite Du Barry fut si contente de ce spectacle, qu’elle lui fit donner le titre de théâtre des Grands Danseurs du Roi. Nicolet fut le premier qui offrit un exemple honorable. Les flammes ayant dévoré en 1777 toutes les constructions de la foire Saint-Ovide, il donna une représentation au bénéfice des incendiés. Cette générosité trouva dans la suite de nombreux imitateurs. En 1792, le spectacle de Nicolet prit le nom de théâtre de la Gaîté. Trois ans après, un comédien nommé Ribié était chargé de la direction de cette