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port du sieur Desmarets, conseiller ordinaire au Conseil royal ; Sa Majesté étant en son conseil, a ordonné et ordonne que le nouveau plan du quartier de Gaillon, attaché à la minute du présent arrêt, sera exécuté, et que, suivant icelui, la rue Saint-Augustin sera continuée de ligne droite de 5 toises de large parallèle depuis le carrefour Gaillon, à prendre de l’encoignure de la basse-cour de l’ancien hôtel de Gaillon à celle de face du portail du dit hôtel, et en retour de pareille largeur, jusqu’à la rencontre de la rue Louis-le-Grand, et d’une autre rue qui sera formée aussi en ligne droite de 5 toises de large en face du portail du d. hôtel jusqu’à la rue Neuve-des-Petits-Champs, dont le point milieu sera à 15 pieds du devant du mur, etc. Fait au conseil d’État du Roi, Sa Majesté y étant, tenu à Versailles, le 14 mars 1713. »

Ce percement fut immédiatement exécuté. — Une décision ministérielle du 28 ventôse an IX, signée Chaptal, ainsi qu’une ordonnance royale du 4 octobre 1826, ont maintenu la largeur primitive de cette partie. — Le surplus de cette voie publique a été ouvert, en 1840, sur les terrains appartenant à M. Crapez, et provenant de l’ancien hôtel de Richelieu. L’ordonnance royale qui autorisa ce percement d’après une largeur de 12 m., est à la date du 8 septembre 1839.

Aucune construction riveraine n’est soumise à retranchement. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).


Antin (rue de la Chaussée d’).

Commence à la rue Basse-du-Rempart, no 2, et au boulevart des Italiens, no 28 ; finit à la rue Saint-Lazare, nos 79 et 81 ; le dernier impair est 63 ; le dernier pair, 72. Sa longueur est de 608 m. — Les numéros impairs sont du 1er arrondissement, quartier de la Place-Vendôme ; les numéros pairs, du 2e, quartier de la Chaussée-d’Antin.

Cette rue, aujourd’hui l’une des plus belles de la capitale, n’était encore, à la fin du XVIIe siècle, qu’un chemin tortueux qui commençait à la porte Gaillon et conduisait aux Percherons. On l’appelait alors chemin de l’Égout-de-Gaillon, des Porcherons, de la Chaussée-de-Gaillon.

Le Pré-des-Porcherons était pour les roués de la régence ce que le Pré-aux-Clercs avait été pour les raffinés de la ligue, un rendez-vous de débauches et de duels.

Au commencement du XVIIe siècle, le quartier Gaillon cherchait à s’étendre et brisait la digue que lui opposait le rempart. Un arrêt du conseil, du 31 juillet 1720, ordonna de redresser le chemin de Gaillon jusqu’à la barrière des Porcherons (située rue Saint-Lazare), dans la largeur de 10 toises, et de planter ledit chemin d’un rang d’arbres de chaque côté. Mais le bureau de la ville ayant représenté qu’il serait plus convenable et plus utile de faire une rue droite de 8 toises de large, et de redresser l’égout jusqu’à la barrière, une ordonnance du 4 décembre de la même année autorisa ce changement : l’égout fut revêtu de murs et voûté, et la rue percée et alignée d’après le plan présenté.

On la nomma rue de l’Hôtel-Dieu, parce qu’elle conduisait à une ferme appartenant à cet hôpital, puis rue de la Chaussée-d’Antin, parce qu’elle commençait au rempart en face duquel avait été bâti l’hôtel d’Antin, depuis de Richelieu. Mais cette voie publique n’était pas au bout de ses métamorphoses patronymiques.

Paris, le 5 avril 1791 : « Messieurs, l’Assemblée nationale et la ville de Paris ont rendu à M. Mirabeau les honneurs funèbres. Sa cendre sera déposée dans la basilique destinée aux grands hommes, et elle y sera placée la première. Cette reconnaissance publique est un devoir de la patrie ; elle est en même temps la politique d’un pays où l’on veut former les hommes. Une des destinations durables et publiques que l’on peut rendre à l’homme qui a si bien servi la constitution française serait de donner son nom à la rue où il a habité et où nous l’avons perdu. On se rappellera toujours qu’il y a vécu. La tradition y conservera son nom. Il me parait honorable pour la municipalité de l’y fixer. J’ai en conséquence l’honneur de proposer au conseil-général d’arrêter que la rue de la Chaussée-d’Antin sera désormais appelée la rue de Mirabeau et qu’une inscription conforme y sera sur-le-champ apposée.

Je suis avec respect, Messieurs, votre très humble et très obéissant serviteur, Bailly. » Et plus bas, MM. du conseil-général de la commune.

« Le conseil-général délibérant sur la proposition de M. le maire, y a généralement applaudi, et d’une voix unanime a arrêté que la rue de la Chaussée-d’Antin sera désormais appelée la rue de Mirabeau, et qu’il y sera sur-le-champ apposé une inscription conforme. Charge le corps municipal de tenir la main à l’exécution du présent arrêté, qui sera imprimé, affiché et envoyé aux quarante-huit comités des sections. Approuvé, Oudet-Dejoly, secrétaire-greffier. » Peu de temps après, au-dessus de la porte de cet hôtel, qui porte aujourd’hui le no 42, fut scellée une table de marbre noir sur laquelle on grava en lettres d’or ces deux vers de Chénier :

L’âme de Mirabeau s’exhala dans ces lieux !
Hommes libres, pleurez ! Tyrans, baissa les yeux !

Cette inscription fut enlevée en 1793, et la rue porta le nom du Mont-Blanc, en mémoire de la réunion de ce département à la France, par décret du 27 novembre 1792.

En 1816, la municipalité parisienne passa l’éponge sur l’inscription révolutionnaire, et cette voie publique reprit sa monarchique appellation.

Une décision ministérielle, du 28 février 1807, signée Champagny, a fixé la moindre largeur de la rue de la