Page:Lazare - Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, 1844.djvu/230

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


l’Infantado. Avec quelle noblesse indolente il descend les degrés de son hôtel. Son front semble porter la trace de toutes les douleurs humaines. Le noble castillan va quitter la France, car la république a déclaré la guerre à l’Espagne. La révolution ne perd pas de temps. Pour tenir tête à l’Europe, il lui faut de l’argent, de la poudre et du fer. L’hôtel de l’Infantado lui convient, elle le prend et le transforme en magasin de salpêtre.

Vingt et un ans après nous retrouvons cette habitation bien restaurée, bien parfumée. Au dessus de la porte, sont gravés ces mots : hôtel de Talleyrand-Périgord.

Dans ses salons dorés, on aperçoit des empereurs, des rois, des princes, des espions et des traîtres qui cherchent à se tailler des habits d’emprunt dans l’immense et magnifique pourpre impériale. L’aigle de la France va mourir, et chaque personnage se presse, se heurte pour arracher plus vite une plume à l’oiseau des batailles. Sur le premier plan on voit un diplomate français qui s’apprête en souriant à lui porter le coup de grâce. La figure de cet homme semble avoir emprunté aux traditions du paganisme les deux faces symboliques de Janus, l’une pour regarder le passé, l’autre pour considérer l’avenir. Il boîte comme le spirituel démon de Lesage, et cependant il reste debout après tous les désastres. Sur son manteau d’arlequin on lit ces mots : évêque-législateur, royaliste-révolutionnaire, républicain-émigré, ministre-impérial. Mêlé à de grands événements, ce diplomate avec tout son esprit ne pouvait faire que des choses petites et misérables : le citoyen s’était évanoui…

Mais hâtons-nous d’indiquer l’état présent de la rue de Saint-Florentin, rien ne lui manque aujourd’hui. Elle est éclairée au gaz. Ses propriétés sont alignées en vertu d’une décision ministérielle du 22 prairial an V et d’une ordonnance royale du 24 août 1833, qui avaient fixé sa moindre largeur à 12 m. 40 c.


Foin-au-Marais (rue du).

Commence à la rue de la Chaussée-des-Minimes, nos 1 et 3 ; finit à la rue Saint-Louis, nos 8 et 8 bis. Le dernier impair est 5 ; le dernier pair, 8. Sa longueur est de 101 m. — 8e arrondissement, quartier du Marais.

Cette rue a été ouverte en 1597, sur un terrain en pâturages qui faisait autrefois partie du parc des Tournelles. Exécutée sur une largeur de 7 m., elle se prolongeait jusqu’au couvent des Hospitalières. Cette partie a pris le nom d’impasse des Hospitalières. — Une décision ministérielle du 3 thermidor an IX, signée Chaptal, maintint la largeur primitive qui a été portée à 10 m. en vertu d’une ordonnance royale du 8 juin 1834. Une partie de la propriété no  3 est alignée. Toutes les autres constructions devront reculer de 1 m. 50 c. — Égout du côté de la rue Saint-Louis — Éclairage au gaz (compe Lacarrière).


Foin-Saint-Jacques (caserne de la rue du).

Située au no  14. — 11e arrondissement, quartier de la Sorbonne.

C’était autrefois le collége de maître Gervais, dit aussi de Notre-Dame de Bayeux. Il fut fondé en 1370, par maître Gervais-Chrétien, souverain médecin et astrologue du roi Charles V, dit Simon de Phares, dans son catalogue des principaux astrologues de France. Le roi fit bâtir ce collège à ses frais, le dota et voulut, par respect pour son médecin, qu’il portât le nom de maître Gervais. Le pape Urbain V confirma cette fondation. Les boursiers de ce collége étaient qualifiés de boursiers du roi. En 1545, Jacques Tournebu, principal, fut assassiné par Raoul Lequin d’Archerie, greffier de la prévôté de Saint-Quentin. Le 19 novembre de cette année, le parlement rendit une sentence portant que le coupable aurait le poing coupé et serait pendu à la place Maubert. En 1699, deux docteurs de la Sorbonne vinrent diriger ce collége qui, en 1763, fut réuni à l’Université. — Un décret impérial du 3 thermidor an XIII affecta les anciens bâtiments du collége de maître Gervais à une caserne d’infanterie.


Foin-Saint-Jacques (rue du).

Commence à la rue Saint-Jacques, nos 48 et 52 ; finit à la rue de la Harpe, nos 53 et 55. Le dernier impair est 27 ; le dernier pair, 30. Sa longueur est de 171 m. — 11e arrondissement, quartier de la Sorbonne.

Guillot, dans son dit des rues de Paris, la désigne sous le nom de rue O Fain. En 1332 on la nommait de la Fennerie, à la fin du XIVe siècle c’était la rue aux moines de Cernay. — Une décision ministérielle du 23 prairial an VII, signée François de Neufchâteau, avait fixé la largeur de cette voie publique à 6 m. Cette dimension a été portée à 10 m. en vertu d’une ordonnance royale du 22 août 1840. La largeur actuelle de la rue du Foin varie de 3 m. à 5 m. Les constructions riveraines sont soumises à un fort retranchement. — Conduite d’eau.


Folies-Dramatiques (théâtre des).

Situé boulevart du Temple, no  72. — 6e arrondissement, quartier du Temple.

Cette salle, construite par M. Allaux, architecte, sur l’emplacement de l’ancien théâtre de l’Ambigu-Comique, a été inaugurée le 22 janvier 1831. On y représente des vaudevilles et des drames. — Prix des places en 1844 : Avant-scène du rez-de-chaussée, avant-scène des 1res, 2 fr. 50 c. ; loges de face des 1res, 2 fr. 25 c. ; stalles des 1res de face, 1 fr. 75 c. ; balcon, baignoires grillées et avant-scène des 2es, 1 fr. 50 c. ; orchestre, avant-scène des 3e, 1 fr. ; parterre, 1er amphithéâtre, 75 c.


Fontaine (rue).

Commence aux rues Chaptal et Pigalle, no  25 ; finit à la place de la Barrière-Blanche. Le dernier impair est 43 ; le dernier pair, 36. Sa longueur est de 368 m. — 2e arrondissement, quartier de la Chaussée-d’Antin.