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aux dites religieuses l’enregistrement des d. lettres patentes, leur rétablissement estant assez ancien, puis ce qu’il paroist qu’elles se sont établies en cette ville depuis plus de 22 ans, joint à ce que le public en reçoit quelqu’utilité pour l’instruction qu’elles donnent gratuitement aux jeunes filles et qu’elles sont obligées de continuer par leurs vœux et institut. Fait au bureau de la Ville le 7 décembre 1667. » Ce couvent, supprimé en 1790, devint propriété nationale, et fut vendu le 12 messidor an IV.

La maison no  14 a été longtemps habitée par Rollin. On fit encore au-dessus d’une porte intérieure ce distique qu’il avait fait placer :

Ante alias dilecta domus quâ ruris et urbis
Incola tranquilles trieque Deoque fruor.

Rollin nous a donné la description de cette demeure qu’il occupa pendant près d’un demi-siècle. Il écrivait en 1697 à M. Le Pelletier, le protecteur de sa jeunesse, devenu son ami. « Je commence à sentir et à aimer plus que jamais la douceur de la vie rustique, depuis que j’ai un petit jardin qui me tient lieu de maison de campagne. Je n’ai point de longues allées à perte de vue, mais deux petites seulement, dont l’une me donne de l’ombre sous un berceau assez propre, et l’autre, exposée au midi, me fournit du soleil pendant une bonne partie de la journée. Un petit espalier couvert de cinq abricotiers et de dix pêchers, fait tout mon fruitier. Je n’ai point de ruches à miel, mais j’ai le plaisir tous les jours de voir les abeilles voltiger sur les fleurs de mes arbres, et attachées à leur proie, s’enrichir du suc qu’elles en tirent sans me faire aucun tort. Ma joie n’est pourtant pas sans inquiétude, et la tendresse que j’ai pour mon petit espalier et pour mes millets, me fait craindre pour eux le froid de la nuit que je ne sentirais pas sans cela. »

Nous avons visité la maison de Rollin. Maintenant le petit jardin est inculte et la propriété, mal tenue, est occupée par un nourrisseur de bestiaux.


Étoile (barrière de l’).

Située à l’extrémité de l’avenue des Champs-Élysées.

Elle a été construite en 1787 sur les dessins de Ledoux. Elle est décorée de deux bâtiments ornés chacun dans leur pourtour de vingt colonnes. Un couronnement circulaire termine ces édifices. Cette barrière porte le nom de l’Étoile, parce qu’elle est située à l’entrée d’une grande place coupée en forme d’étoile par plusieurs avenues et boulevarts. On l’appelle aussi barrière de Neuilly. (Voir l’article Barrières.)

Au milieu de la place de l’Étoile s’élève avec majesté l’un des plus beaux monuments dont la France puisse s’enorgueillir. — Un décret impérial du 18 février 1806 ordonna la construction de cet édifice destiné à perpétuer le souvenir des victoires des armées françaises. Le ministre de l’intérieur confia à MM. Raymond et Chalgrin les travaux de l’Arc-de-Triomphe de l’Êtoile. Ces artistes distingués présentèrent chacun un projet ; celui de M. Raymond obtint la préférence. Mais le système de concurrence et d’association devait amener des différences d’opinions entre les deux architectes. Cette espèce de lutte et les variations d’idées qui en furent la suite affectèrent vivement M. Raymond, dont l’opinion, comme artiste, était fixée. Il ne se plaignit pas, mais il donna en cette occasion une nouvelle preuve de son désintéressement et de l’amour qu’il avait pour son art. Au commencement de 1810, il se démit du titre d’architecte de l’Arc-de-Triomphe de l’Étoile. Par suite de cette démission, M. Chalgrin dirigea seul les travaux qui furent interrompus en 1814. Ils ne furent repris qu’en vertu d’une ordonnance royale du 9 octobre 1823. Alors on décida que cet arc triomphal consacrerait la mémoire de l’expédition d’Espagne. MM. Huyot et Goust devaient diriger les nouveaux ouvrages, mais M. Huyot ayant présenté un projet qui s’écartait du plan primitif, M. Goust fut chargé de la direction sous la surveillance d’une commission composée de MM. Fontaine, Debret, Gisors et Labarre. L’Arc-de-Triomphe fut élevé alors jusqu’à la première assise de l’architrave de l’entablement. L’édifice ne se poursuivait qu’avec lenteur, lorsque la révolution de juillet éclata. Le nouveau gouvernement le rendit à sa destination première. M. Blouet, architecte, fut chargé de la direction des travaux. L’Arc-de-Triomphe fut inauguré le 29 juillet 1836. Tous les frais depuis sa fondation se sont élevés à près de dix millions. Les proportions colossales de ce monument surpassent de beaucoup celles de tous les arcs connus. Sa hauteur est de 49 m., sa largeur de 45 m., les faces latérales ont 22 m. Le grand arc, qui s’élève sur l’axe de la route de Neuilly, a 29 m. de hauteur sur 14 m. 50 c. de largeur. Les arcs latéraux ont 28 m. 50 c. de hauteur sur 8 m. 50 c. Les fondations ont 8 m. de profondeur au-dessous du sol sur 35 m. de longueur et 38 m. de largeur. Parmi les bas-reliefs qui ornent cet édifice on distingue celui qui rappelle le départ des volontaires en 1792. L’Arc-de-Triomphe doit être entouré de statues représentant les principales illustrations militaires de la république et de l’empire.


Étoile (chemin de ronde de la barrière de l’).

Commence à l’avenue des Champs-Élysées et à la barrière de l’Étoile ; finit à la barrière des Bassins et au chemin de ronde de cette barrière. Sa longueur est de 630 m. — 1er arrondissement, quartier des Champs-Élysées.

Voir l’article Chemins de ronde.


Étoile (rue de l’).

Commence aux quais des Ormes, no  2, et Saint-Paul, no  22 ; finit aux rues de l’Hôtel-de-Ville, no  1, et des Barrés, no  23. Le dernier impair est 3 ; le dernier pair, 8.