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Paul, vint mettre un terme à ces scandaleux désordres. Plusieurs dames pieuses, touchées des vertus du saint homme, voulurent s’associer à son œuvre de charité. Vincent-de-Paul les rassembla dans l’église Notre-Dame, où se trouvaient exposés ces enfants abandonnés. Après avoir fait une peinture énergique des vices de la société : « Or sus, mesdames, s’écria-t-il, voyez si vous voulez délaisser à votre tour ces petits innocents dont vous êtes devenues les mères selon la grâce, après qu’ils ont été abandonnés par leurs mères selon la nature. » Saint Vincent-de-Paul fonda, en 1638, un nouvel hospice près de la porte Saint-Victor, pour les enfants trouvés, et mit à la tête de cet établissement les Dames de la Charité ; mais les ressources étaient encore insuffisantes, et les administrateurs prirent le parti de tirer au sort les enfants qui devaient être nourris, les autres (dit l’historien de saint Vincent-de-Paul) étaient abandonnés, c’est-à-dire qu’on les laissait mourir faute de nourriture. Vincent-de-Paul, à force de zèle et de patience, parvint à assurer le sort de ces pauvres enfants. En 1641, le roi leur donna 4,000 livres de rente ; trois ans après, cet établissement reçut une nouvelle rente de 8,000 livres, et en 1648 le château de Bicêtre fut affecté au logement des enfants trouvés. L’air trop vif étant nuisible à leur santé, ils furent transférés dans une maison près de Saint-Lazare, et placés sous la direction des sœurs de la Charité. — Un arrêt du parlement du 3 mai 1667 ordonna que les seigneurs hauts justiciers seraient obligés de payer annuellement pour l’entretien des enfants trouvés la somme de 15,000 livres ; cet arrêt fut confirmé par le conseil d’état le 20 novembre 1668. On acheta enfin l’année suivante une maison et un vaste terrain situés dans la rue du Faubourg-Saint-Antoine, où l’on plaça l’établissement des Enfants-Trouvés.

Lettres-patentes en forme d’édit, portant établissement de l’hôpital des Enfants-Trouvés, et union d’icelui à l’hôpital général. — « (Juin 1670). Louis, etc…, comme il n’y a pas de devoir plus naturel, ni plus conforme à la piété chrétienne, que d’avoir soin des pauvres enfants exposés que la faiblesse et leur infortune rendent également dignes de compassion, les rois nos prédécesseurs ont pourvu à l’établissement et à la fondation de certaines maisons et hôpitaux, où ils pussent être reçus pour y être élevés avec piété ; en quoi, leurs bonnes intentions ont été suivies par notre cour de parlement de Paris, qui, conformément aux anciennes coutumes de notre royaume, auroit ordonné par son arrêt du 13 août 1552, que les seigneurs hauts-justiciers, dans l’étendue de notre bonne ville de Paris et ses faubourgs, contribueroient chacun de quelque somme, aux frais nécessaires pour l’entretien, subsistance et éducation des enfants exposés dans l’étendue de leur haute justice ; et depuis, le feu roi notre très honoré seigneur et père, voyant combien il étoit important de conserver la vie de ces malheureux destitués des secours des personnes mêmes desquelles ils l’auroient reçue, leur auroit donné la somme de 3,000 livres et 1,000 livres aux sœurs de la Charité qui les servent, à prendre chaque année par forme de fief et aumône sur le domaine de Gonesse ; et considérant combien leur conservation étoit avantageuse, puisque les uns pouvoient devenir soldats et servir dans nos troupes, les autres, ouvriers et habitans des colonies que nous établissons pour le bien de notre royaume, nous leur aurions encore donné par nos lettres-patentes du mois de juin 1644, 8,000 livres à prendre chacun an sur nos cinq grosses fermes, etc… Mais comme l’établissement de cette maison n’a point été spécialement autorisé par nos lettres-patentes, quoique nous l’ayons approuvé par les dons que nous y avons faits, étant bien aise de maintenir et confirmer une si bonne œuvre, et de l’établir le plus solidement qu’il nous sera possible ; à ces causes et autres bonnes considérations, à ce nous mouvant, nous avons par ces présentes signées de notre main, dit, déclaré, statué et ordonné, disons, déclarons, statuons et ordonnons : l’hôpital des Enfants-Trouvés, l’un des hôpitaux de notre bonne ville de Paris, pourra agir, contracter, vendre, aliéner, acheter, acquérir, comparoir en jugement et y procéder, recevoir toutes donations et legs universels, particuliers, et généralement faire tous autres actes dont les hôpitaux de notre ville et faubourgs de Paris sont capables, confirmons, etc… Ordonnons que la direction du d. hôpital des Enfants-Trouvés sera faite par les directeurs de l’hôpital général auquel nous l’avons uni, etc… Voulons que notre premier président et notre procureur général en notre parlement de Paris, en prennent soin avec quatre directeurs du d. hôpital général qui seront nommés au bureau d’icelui, ainsi que les commissaires des autres maisons du d. hôpital général, et y serviront pendant trois ans, etc… ; et comme plusieurs dames de piété ont pris très grand soin jusqu’à présent des d. enfants trouvés, et contribué notablement à leur nourriture et éducation, nous les exhortons, autant qu’il nous est possible, de continuer leur zèle et charités et soins envers les d. enfants trouvés, pour avoir part à la d. administration suivant les articles de règlement ci attaché sous le contr’scel de notre chancellerie, que nous voulons être exécutées selon leur forme et teneur. Donné à Saint-Germain-en-Laye, au mois de juin 1670. » — On construisit dans le faubourg Saint-Antoine pour les enfants trouvés, un vaste bâtiment et une église dont la reine Marie-Thérèse d’Autriche posa la première pierre en 1676. Étienne d’Aligre, chancelier de France, Élisabeth Luillier, sa femme, et le président de Bercy, enrichirent cette maison. — Le gouvernement républicain voulut aussi pourvoir aux besoins de ces infortunés.

Loi du 27 frimaire an V, relative aux enfants abandonnés. — « Le conseil des Cinq-Cents, après avoir entendu dans ses séances des 13 messidor, 2 thermidor