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observations, nous estimons, sous le bon plaisir de la cour, que les lettres-patentes portant confirmation de l’établissement de la maison de l’Enfant-Jésus en cette ville, peuvent être registrées pour être exécutées selon leur forme et teneur. Signé de Bernage, Gillet et Moriau. » — Cette maison fut dans la suite convertie en hospice d’orphelins. — Au mois de juin 1802, le conseil général des hospices destina cette maison à des enfants malades. On ne put d’abord y admettre que ceux qui étaient atteints de maladies aiguës et 300 lits furent établis pour eux. Le nombre des lits s’accrut rapidement jusqu’à près de 600. Les enfants attaqués de maladies qui paraissent contagieuses, sont renfermés dans des bâtiments isolés et séparés de l’hôpital par de grands jardins. Il y a 212 lits pour ceux qui sont atteints de maladies aiguës, 129 pour les garçons et 83 pour les filles. Pour les maladies qui réclament les secours de la chirurgie, il y a 70 lits, dont 40 pour les garçons, et le reste pour les maladies chroniques, la teigne et les scrofules. En 1834 la mortalité a été de 1 sur 6-18, en 1842 de 1 sur 6-29.


Enfants-Rouges (marché des).

Situé dans la rue de Bretagne, no  39. — 7e arrondissement, quartier du Mont-de-Piété.

Il a été établi en 1628. Dans les lettres de permission du roi il est dit : « Que ce marché sera construit sur une place contenant 263 toises ou environ, tenant d’un côté à la maison de M. Claude Charlot, rue de Bretagne, et de l’autre à la grande rue de Berri. » Il prit d’abord le nom de petit marché du Marais. Son nom actuel lui vient de sa proximité de l’hôpital des Enfants-Rouges. C’est encore une propriété particulière.


Enfants-Rouges (rue des).

Commence aux rues Pastourelle, no  2, et d’Anjou, no  10 ; finit aux rues Portefoin, no  1, et Molay, no  2. Le dernier impair est 13  bis ; le dernier pair, 10 bis. Sa longueur est de 92 m. — 7e arrondissement, quartier du Mont-de-Piété.

Elle faisait anciennement partie de la rue du Chantier-du-Temple. En 1536 elle prit le nom de rue des Enfants-Rouges en raison de la fondation de cet hôpital, situé rue Portefoin. Cet établissement ayant été réuni en 1772 à l’hospice des Enfants-Trouvés, cette rue reprit sa première dénomination de rue du Grand-Chantier, sous laquelle le plan de Verniquet l’indique encore. Vers 1805, on la trouve désignée de nouveau sous le nom de rue des Enfants-Rouges. — Une décision ministérielle du 23 frimaire an VIII, signée Laplace, avait fixé la largeur de cette voie publique à 8 m. 50 c. Cette largeur a été portée à 11 m., en vertu d’une ordonnance royale du 31 mars 1835. La maison no  4 est alignée. — Conduite d’eau depuis la rue Portefoin jusqu’à la borne-fontaine. — Éclairage au gaz (compe Lacarrière).


Enfants-Trouvés (hospice des).

Situé dans la rue d’Enfer, no  74. — 12e arrondissement, quartier de l’Observatoire.

L’établissement des Enfants-Trouvés est un bienfait dont l’honneur appartient à la charité chrétienne. « Dans cette Rome payenne (dit Saint-Victor), dans cette Rome si fière de sa police et de ses lois, des pères dénaturés exposaient leurs enfants, et un gouvernement non moins barbare les laissait impitoyablement périr. Des hommes qui exerçaient un infâme métier allaient quelquefois recueillir ces innocentes victimes, et les élevaient pour les prostituer. »

L’évêque de Paris et le chapitre de Notre-Dame pourvurent les premiers à l’établissement d’un hospice pour les enfants trouvés. Ils donnèrent pour cet usage un bâtiment situé au Port-l’Évêque, qu’on appela maison de la Crèche. On plaça dans la cathédrale un vaste berceau dans lequel on mettait ces enfants pour faire un appel à la pieuse libéralité des fidèles. Ce dernier asile fit appeler ces innocentes créatures les pauvres enfants trouvés de Notre-Dame. Isabelle de Bavière, femme de Charles VI, leur fit un legs de huit francs par son testament du 2 septembre 1431. Suivant un ancien usage, les seigneurs hauts-justiciers devaient contribuer à l’entretien des enfants trouvés ; mais plus tard, on les vit refuser leur cotisation, en donnant pour excuse que cette charge devait être supportée par l’archevêque et le chapitre de Notre-Dame.

Un arrêt du parlement, en date du 13 août 1552, ordonna que les enfants trouvés seraient mis à l’hôpital de la Trinité, et que les seigneurs donneraient une somme de 960 livres par an, répartie entre eux d’après l’étendue de leur justice. Toutefois on dut conserver à Notre-Dame le bureau établi pour recevoir ces enfants et les aumônes qu’on leur faisait. En 1570, ils furent transférés dans deux maisons situées au port Saint-Landry, et qui appartenaient au chapitre de Notre-Dame ; mais le sort de ces infortunés ne fut guère amélioré. Les servantes chargées de veiller sur eux se fatiguaient de leur donner dès soins. Tantôt, elles les vendaient à des femmes qui avaient besoin de se faire sucer un lait corrompu, souvent elles en tiraient profit en les remettant à des nourrices qui voulaient remplacer les enfants qu’elles avaient laissé mourir par leur négligence. Ce trafic infâme ne s’arrêtait pas là ; ces femmes vendaient également ces pauvres enfants à des bateleurs, à des mendiants qui, pour exciter la charité publique, mutilaient ces innocentes créatures ; enfin, dans les maisons du port Saint-Landry, le prix courant des enfants trouvés était de 20 sols. Le petit nombre de ceux qui survivaient dans cet établissement, garçons ou filles, allaient grossir la multitude des mendiants, des voleurs et des femmes perdues qui infestaient la capitale : en sorte que l’on pouvait dire que la misère et le vice se perpétuaient ainsi par leurs propres œuvres.

Le fils d’un pauvre paysan des Landes, Vincent-de-