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Laye, le 8 janvier 1680. » (Extrait). — Une décision ministérielle du 20 fructidor an XI, signée Chaptal, avait fixé la largeur de la rue des Bons-Enfants à 8 m. En vertu d’une ordonnance royale du 23 juillet 1828, cette largeur est portée à 10 m. Les maisons nos 28, 34 et 36 ne sont pas soumises à retranchement. — Égoût entre les rues Saint-Honoré et de Montesquieu. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).

Périnet-le-Clerc ayant livré dans la nuit du 28 au 29 mai 1418, la porte de Buci aux troupes Bourguignonnes, le connétable Bernard d’Armagnac, chef du parti opposé à Jean-Sans-Peur, se sauva déguisé dans la maison d’un maçon de la rue des Bons-Enfants. Trahi par ce misérable, d’Armagnac fut pris et enfermé à la Conciergerie. Le 12 juin, la populace força cette prison, se rua sur le connétable et le perça de mille coups ; son cadavre, traîné dans les rues de Paris, fut ensuite jeté à la voirie. Telle fut la fin d’un des descendants de Clovis par Charibert, frère de Dagobert.

Le collége des Bons-Enfants était dans cette rue. En 1208, à l’époque où l’on achevait l’église Saint-Honoré, fondée par Renold Chereins, un bourgeois de Paris, nommé Belot, et Ada, sa femme, résolurent de former un collége à côté de cette église. Ils firent construire en conséquence une maison pour servir à treize pauvres étudiants de Paris, qu’ils confièrent à un chanoine de Saint-Honoré. Ce collège reçut d’abord la dénomination d’Hôpital des pauvres Écoliers ; ce nom indiquait la triste situation de ces élèves qui allaient quêter leur nourriture dans les rues de la capitale. La pièce intitulée les Crieries de Paris nous en fournit ainsi la preuve :

« Les bons enfants orrer crier,
Du pain nes veuil pas oublier. »

L’établissement des Bons-Enfants acquit peu-à-peu une aisance suffisante, grâce aux libéralités de plusieurs personnes, entr’autres de Jacques-Cœur, l’argentier de Charles VII. Ce collége fut réuni, en 1602, à l’église Saint-Honoré. On voyait près de la maison des Bons-Enfants une chapelle qui en dépendait et dont on attribue l’érection à Jacques-Cœur. Elle fut d’abord placée sous l’invocation de la Vierge, mais une confrérie qui s’y établit le 29 octobre 1486, choisit Sainte-Claire pour patronne. Supprimée en 1790, cette chapelle, qui contenait en superficie 89 m. 34 c., devint propriété nationale, et fut vendue le 17 avril 1792.


Enfants (rue Neuve-des-Bons-).

Commence aux rues des Bons-Enfants, no  31, et Baillif ; finit aux rues Neuve-des-Petits-Champs, no  1, et de Lavrillière, no  3. Le dernier impair est 37 ; le seul pair, 2 ; ce côté est bordé par les dépendances de la Banque. Sa longueur est de 183 m. — Les numéros impairs sont du 2e arrondissement, quartier du Palais-Royal ; le côté opposé dépend du 4e arrondissement, quartier de la Banque.

Elle été ouverte en 1640, sur un terrain de 1,422 m. de superficie, que le cardinal de Richelieu avait acheté en 1634, et qu’il céda en 1638 au sieur Barbier. La qualification de Neuve lui a été donnée pour la distinguer de la rue des Bons-Enfants, beaucoup plus ancienne. — Une décision ministérielle du 20 fructidor an XI, signée Chaptal, fixa la largeur de cette voie publique à 8 m. En vertu d’une ordonnance royale du 22 août 1840, sa moindre largeur est portée à 10 m. Toutes les constructions du côté des numéros impairs sont alignées ; celles du côté opposé sont soumises à un retranchement qui varie de 2 m. 30 c. à 3 m. — Conduite d’eau entre la rue Neuve-des-Petits-Champs et les deux bornes-fontaines. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).


Enfants-malades (hôpital des).

Situé dans la rue de Sèvres. — 10e arrondissement, quartier Saint-Thomas-d’Aquin.

C’était autrefois la communauté des Filles de l’Enfant-Jésus. — « Bureau de la ville (19 mai 1752). Veu au bureau de la ville les lettres-patentes du roy données à Versailles au mois de décembre dernier (1751), signées Louis, obtenues par Jean-Joseph Languet, archevêque de Sens, portant confirmation de l’établissement de la maison de l’Enfant-Jésus en cette ville, ainsi qu’il est plus au long porté aux dites lettres-patentes ; l’arrêt du dit présent mois, par lequel la cour a ordonné que les lettres-patentes nous seroient communiquées pour donner notre avis sur le contenu en icelles. Veu aussi la requeste à nous présentée à cet effet. Nous croyons avoir lieu de penser que la cour sera très satisfaite de l’établissement qui lui est proposé. Il présente deux objets prétieux qui sont les seuls qui soient à désirer ; d’une part, la subsistance et l’éducation d’un nombre considérale de personnes du sexe que la misère et le défaut d’occupations pourroient plonger dans le désordre, et d’autre, l’éducation d’un nombre de seize demoiselles d’extraction noble, aux quelles leurs parents ne pourroient en procurer une convenable à leur naissance, sans que les unes et les autres soient attachées à la maison par aucun vœu ou autre lien quelconque. C’est ainsi que, bien loin de présumer qu’il en puisse résulter aucun inconvénient, il nous paroît au contraire du bien de la religion et de celui de l’État, que cet établissement soit rendu stable. La seule observation que nous nous sentions obligés de faire à la cour sur ce point de stabilité en ce qui concerne la seconde vue de cet établissement, est l’obstacle que la succession des temps nous semble pouvoir apporter à l’admission des demoiselles dans cette maison ; elles y seront reçues aujourd’hui en prouvant deux cents ans de noblesse ; mais si dans un ou deux siècles, il étoit exigé des preuves de trois ou quatre cents ans, il pourroit être alors à craindre de voir dégénérer un établissement aussi utile ; du moins est-ce l’idée que nous a paru offrir l’époque de 1550, déterminément fixée par l’art. 5e des lettres-patentes. Nous devons toutes fois soumettre cette simple réflexion aux lumières de la cour. Sous ces