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rendue au Châtelet par un lieutenant-général civil un lieutenant-général de police, un lieutenant-criminel, deux lieutenants particuliers, cinquante-quatre conseillers, dont un d’épée créé en 1691, quatre avocats du roi, un procureur du roi, huit substituts, un greffier en chef, un premier huissier audiencier, plusieurs autres huissiers audienciers, un juge auditeur pour les affaires de 50 livres, un greffier en chef des auditeurs, quarante-huit commissaires, cent treize notaires, deux cent trente-cinq-procureurs, trois cent quatre-vingts huissiers à cheval, deux cent quarante huissiers à verge et cent vingt huissiers-priseurs.

Prisons du Châtelet. — Tous les lieux de justice possédaient autrefois leurs prisons ; celles du Châtelet révoltaient la vue et l’odorat. Les prévenus devaient y expier leurs crimes par les tortures de leur emprisonnement préventif. Ces prisons étaient au nombre de huit, selon Sauval ; on les appelait le Berccau, le Paradis, la Grièche, la Gourdaine, le Puits, les Chaînes, la Boucherie, les Oubliettes. — Dans l’ordonnance que Henri VI, roi de France et d’Angleterre, donna au mois de mai 1425, les prisons du Châtelet se trouvaient en plus grand nombre. On en comptait quinze ; dix d’entre elles devaient être les moins horribles, les lits y étaient payés plus cher, voici leurs noms : les Chaînes, Beauvoir, la Motte, la Salle, les Boucheries, Beaumont, la Grièche, Barbarie, Beauvais et Gloriette. — Dans les comptes de la prévôté, on lit cet article Poulie de cuivre servant à la prison de la fosse du Châtelet ; on descendait les prisonniers dans ce cachot, par une ouverture pratiquée à la voûte du souterrain, de la même manière qu’on descend un sceau dans un puits.

Cette fosse du Châtelet était peut-être celle qu’on nommait Chausse-d’Hypocras, où les prisonniers avaient les pieds dans l’eau croupie ; ordinairement, les malheureux qu’on y renfermait mouraient après quinze jours de détention. Un autre cachot avait reçu le nom de Fin-d’Aise ; il était rempli d’ordures et de reptiles. — Une déclaration royale du 23 août 1780, ordonna la destruction de tous les cachots construits sous terre.

Événements historiques. — Après la trahison de Périnet-le-Clerc, qui livra la porte de Buci aux troupes anglaises et bourguignonnes, les prisonniers Armagnacs furent renfermés au Châtelet. Une affreuse disette se faisait alors sentir dans la capitale. Les Parisiens voulurent se venger des Armagnacs du dehors qui ravageaient la campagne, sur les Armagnacs du dedans vaincus et malheureux. Le 21 août 1418, une troupe de furieux, dirigée par plusieurs maîtres bouchers, dits cabochons, vint mettre le siège devant le grand Châtelet, dans l’intention d’en égorger les prisonniers. Ces malheureux, instruits du péril qui les menace, soutiennent l’assaut en lançant des tuiles et des pierres sur leurs ennemis ; ces faibles moyens de défense ne font qu’irriter les assaillants, ils égorgent les prisonniers ou les jettent vivants du haut des fenêtres ; leurs corps en tombant sont reçus sur la pointe des piques, ou percés à coups d’épées ou de poignards. Telle fut la principale scène de l’entrée des Anglais et des Bourguignons dans Paris.

Le 14 novembre 1591, le Conseil des Seize fit arrêter et pendre sans autre forme de procès, dans la chambre du grand Châtelet, Brisson, Claude Larcher, conseillers au parlement, et Jean Tardif, conseiller au Châtelet ; ces magistrats étaient soupçonnés de favoriser le parti du roi.

Rues qui sont entrées dans la circonscription de la Place

1o La rue de la Joaillerie. — Une partie de cette voie publique ayant été conservée, nous en tracerons l’origine à son ordre alphabétique.

2o La rue Saint-Leufroy. — Elle était située en face du Pont-au-Change. On passait en la traversant sous une voûte du grand Châtelet. En 1313, on la nommait rue devant le Chastel. Elle devait son dernier nom à l’église Saint-Leufroy, qui y était située, et qui fut démolie en 1684 pour l’agrandissement du Châtelet. — Le parloir aux bourgeois resta longtemps dans cette rue.

3o La rue du Pied-de-Bœuf. — Le premier titre qui mentionne cette voie publique est de 1437. Elle tenait son nom d’une enseigne.

4o La rue de la Triperie. — Elle était presque entièrement bâtie à la fin du XIIe siècle. On l’appelait, en 1210, rue des Bouticles, en raison des petites boutiques de tripiers qui y existaient. Au XVe siècle c’était la rue de l’Araigne ; c’est ainsi qu’on désignait une espèce de croc de fer à plusieurs branches, dont se servaient les bouchers pour attacher leurs viandes. On la trouve aussi sous la dénomination de rue du Pied-de-Bœuf, et en dernier lieu, sous celle de la Triperie.

5o La rue trop va qui dure. — C’était plutôt un chemin qui régnait le long du grand Châtelet jusqu’à la rue Saint-Leufroy. Nous n’avons pu trouver l’origine de cette dénomination bizarre. Elle n’était connue anciennement que sous le nom général de chemin ou grand’rue le long de la Seine. Dans un procès-verbal de 1636, elle est nommée rue de la Descente de la Vallée de Misère.

Documents administratifs. — Un plan approuvé par le ministre de l’intérieur Champagny, le 11 octobre 1806, fixa la largeur de la place du Châtelet à 62 m. 50 c. Ces alignements furent modifiés par le ministre, le 21 juin 1817. On reconnut à cette époque que la fontaine du Palmier n’avait pas été construite exactement dans l’axe de la place ; il résulta de cette rectification que la largeur de la place fut réduite à 61 m. 40 c. Cette disposition, qui reçut immédiatement son exécution, a été confirmée par une ordonnance royale du 16 mai 1836. Les maisons riveraines de la place sont toutes à l’alignement. — Égout. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Française).